On dit qu'un bon film peut être résumé en quarante mots.

Pour certains cinéastes, cela veut dire que l'intrigue doit être simple, voire simpliste - exemple : la fille du héros est kidnappée et le papa super costaud va castagner tous les méchants sur son chemin pour la retrouver. Et souvent cela va de paire avec une bande annonce qui raconte toute l'intrigue.

Avantage indéniable : le spectateur est dans sa zone de confort, il sait à quoi s'attendre et pour peu que le réalisateur fasse son boulot, il n'est pas déçu. Attention, si le film ne surprend pas sur le fond, cela ne veut pas dire qu'il est mauvais : la forme peut elle seule suffire (exemple largement discuté : Pirates des Caraïbes).

Vous noterez que ce principe n'est pas limité aux blockbusters. Des comédies (où la bande annonce contient toutes les blagues et les répliques destinées à devenir cultes...), des films à sentiments (quand la musique devient larmoyante au milieu de la bande annonce c'est le moment où les personnages basculent...) et des policiers (la bande annonce montre une ou plusieurs fausses pistes...), etc. ont droit au même traitement... Dommage.

Heureusement certaines bandes annonces font dans l'original. Il y a quelques années j'avais adoré celle du cinquième élément (aucun dialogue) et celle de magnolia (un tourbillon où les personnages se présentaient, face caméra)...

Récemment, Rebelle et Associés contre le crime ont utilisé un procédé rigolo[1] : toutes les images des bandes annonces sont extraites d'un morceau du film uniquement - environ 20 minutes. Par construction, cela réserve des surprises...

1er cas, Rebelle - la bande annonce ne comprend que des extraits du tout début, lors de la présentation des personnages. Bien évidemment, les premières scènes sont drôles mais le risque est de ne pas intriguer assez le spectateur pour lui donner envie d'aller voir le film[2]. Mais une fois cet écueil passé, c'est gagné : on ne sait rien du film et on se laisse complètement porter. Et comme Rebelle est excellent et surprenant, c'est jouissif[3] !

2e cas, Associés contre le crime - toute la bande annonce est tirée du milieu du film : le cœur de l'enquête où Prudence et Bélisaire en font des tonnes. Comme dans les deux épisodes précédents, les personnages sont délicieusement absurdes. Ici, le risque est plutôt de dégouter le spectateur avec une simple copie des films précédents. Bon c'est un risque faible parce que les fans acharnés connaissent par cœur les deux premiers et n'attendent pas grand chose de plus que les cabotinages de C. Frot et A. Dussolier. Sauf que le film est faible et bancal, et le ton très différent des précédents - d'où l'impression de s'être fait avoir.

Au final foncez voir la pétillante Merida qui dépoussière les histoires magiques des princesses Disney. Et faites l'impasse sur la troisième aventure des Beresford, le charme est rompu.

Notes

[1] Que l'on ne découvre qu'une fois le film entièrement vu.

[2] J'en sais quelque chose pour avoir été obligé de batailler pour convaincre S. de m'y accompagner.

[3] Les Pixar-boys avaient fait le même coup avec Wall-e, dont la bande annonce se concentrait sur la présentation du petit robot - sur cette série de 2 exemples, on pourrait tenter d'affirmer que ce truc marche pour un personnage principal fort.