Bibiothèque

instantané

ça n'a duré qu'un instant

Fil des billets

mercredi, 17 février 2016

True Story

Pour quelques jours, Zoé est seule dans l'appartement avec les enfants, le boulot ayant expédié son mari loin, en Corée il nous semble.

Elle est seule mais elle gère. Tout va bien. Elle a du temps, en congé maternité, mais pas trop fatiguée. Et les enfants sont sages.

Tout va bien. Enfin presque. Un détail chagrine notre Zoé : nous sommes jeudi et Télérama n'est pas là. Ce n'est pas trop grave s'il arrive demain, mais enfin tout de même, ils exagèrent.

Et le lendemain, toujours pas de Télérama. Ils ne sont pas gênés, deux jours de retard pour un hebdomadaire ! Non vraiment, ils ne sont pas gênés.

Le troisième jour sans Télérama, elle envisage sérieusement de faire un scandale et compose mentalement une lettre critiquant la légèreté du service abonnement et détaillant son préjudice. C'est vrai quoi, c'est un rituel d'une précision horlogère, peut-être même suisse : tous les jeudis, Télérama arrive et Zoé le feuillète une fois les enfants couchés, au calme. C'est son petit plaisir, qui marque la fin des contraintes et le début de la détente. Elle s'asseoit comme ça, dans son fauteuil, et n'a qu'à tendre la main pour attraper son Télérama sur la pile de courrier. Tiens d'ailleurs, la pile est vide. Inexistante pourrait-on dire. Il faudra en parler à J-B, comme c'est lui qui remonte le courrier d'habitude.

...

Révélation : Télérama ne remonte pas tout seul de la boîte aux lettres vers la pile de courrier, dans le salon.

Et Zoé d'en conclure : quelle nouille !

jeudi, 21 mai 2015

Manchester - Paris

Siège 12A, un petit garçon s'émerveille : "Where are we? Oooh that's a cloud... Mummy, I've never been in a cloud before!"

Et un peu plus tard, sa maman : "And now that's a French cloud." Il se colle à la fenêtre, "How can you tell the difference?"

mardi, 5 mai 2015

No Sport

En entrant dans le club de gym, sa manche gauche est restée coincée dans la porte.

Aux vestiaires, la bretelle de son sac s'est accrochée à un banc. Puis son pantalon n'a pas voulu lâcher sa jambe droite.

L'écouteur de son ipod s'est enroulé sur son rameur. Et sa bouteille d'eau s'est jetée par terre. Deux fois.

Il a fait comme si de rien n'était, a ramé pendant 20 minutes puis a soulevé de la fonte.

...

De retour aux vestiaires : "p£%@#n ! J'ai oublié ma serviette." Suivi d'un étonnant "J'le crois pas." Comme si l'univers ne lui avait pas envoyé assez de signaux.

mardi, 4 novembre 2014

Y. Tournel

"Bonjour Yves", me dit-il à chaque fois. Et à chaque fois, je réponds un "bonjour" un peu gêné.

Lire la suite...

mardi, 26 mars 2013

Bon baisers de Bruxelles

Ce matin, en gare de Bruxelles midi.

- Excusez-moi, quel est le prochain train pour Bruxelles Nord ?

- Oh il y en a plein. Prenez celui de 8h39 pour Schaarbeek.

- Il n'y en a pas un plus tôt ?

- C'est à dire qu'il est 9h.

jeudi, 29 novembre 2012

Deux histoires tristes

Sur le parvis de la défense, j'ai croisé une dame très strictement habillée qui portait une mallette noire aux angles doublés de métal. Le genre de mallette qui contient du polystyrène ou du molleton découpé précisément à la forme de quelque chose de fragile que l'on veut protéger. Une caméra par exemple, ou des pièces de fusil à lunette si l'on est dans un film.

Quelques mètres après avoir passé la dame, je me demandais ce que la boite pouvait bien contenir quand un grand bruit de verre cassé me fit me retourner. La petite dame, une main gantée sur la bouche, l'autre qui tenait la mallette grand ouverte, avait l'air catastrophé, devant un millier d'éclats de verre. 

Ce n'était pas une caméra, ni un fusil. Sous les yeux d'une trentaine de personnes hypnotisées, elle ramassa un morceau plus gros que les autres. C'était un vase.

Ce même jour, quand j'arrivai à la caisse d'un magasin, une dame d'une quarantaine d'année était en train de payer, avec sa carte bleue. Au bout de quelques instants, la caissière lui demanda si elle voulait bien ressayer, il y avait des problèmes de serveur. 

À ses cotés, la mère de la dame, peut-être soixante dix ans, dit à sa fille : "tu as toujours été trop lente. Pour tout." Elle lui sourit, lui mit doucement la main sur le bras et ajouta avec une perfide tendresse : "même pour payer, tu traines. C'est pour ça que tu as tout raté...

Les yeux rougis, la dame força un sourire pour la caissière et sortit un billet, en évitant de croiser les regards des cinq autres clients.

mercredi, 14 novembre 2012

Ligne 8 - 10th and Bonne Nouvelle

Un petit trompettiste souffle un jazz cool pour quelques pièces, juste à côté d'un couple d'Américains qui discute.

Elle, lunettes carrées, cheveux mi-longs à frange, belle dans un tailleur strict à carreaux, sourit.

Lui, trop petit dans un imperméable trop grand, dégarni, parle parle et parle encore en gesticulant. Elle éclate de rire - Oh Larry....

Woody and Diane in Grands Boulevards Murder Mystery. Ou presque.

jeudi, 20 septembre 2012

Comme dans une BD

Bercy. Le métro s'arrête. La jeune fille se lève. Et laisse tomber un petit pull qui était accroché à son sac.

Sa voisine qui a tout vu l'interpelle mais la jeune fille n'entend rien, à cause de son casque audio. Une fois. Deux fois. Elle s'éloigne.

Alors la voisine attrape le pull et s'apprète à poursuivre la jeune fille sur le quai. Mais elle marque soudain un temps d'arrêt. Le gamin qui l'accompagne est lui toujours assis.

Or les habitués de la 14 savent bien que les portes sont traitresses : il lui suffirait de descendre du train pour qu'elles se referment et les séparent.

Un coup d'oeil au gamin, un autre à la jeune fille. Gamin. Pull. Instinct maternel contre héroïsme du quotidien... Cruel dilemme.

Heureusement un quidam la libère, en attrapant le pull au signal sonore, juste à temps pour descendre.

Le charme est rompu mais je vous jure que pendant un instant, on voyait le petit diable et le petit ange se chamailler autour de la tête de la voisine...

lundi, 18 juin 2012

Drame ordinaire au guichet

Lui, peut-être cinquante ans, agité et hurlant - VOUS VOUS MOQUEZ DE MOI ?! JE SUIS CLIENT À LA POSTE DEPUIS TRENTE ANS ! JE VEUX MON ARGENT TOUT DE SUITE ! J'EN AI BESOIN MAINTENANT.

Elle, petite voix, cachée - je suis désolée monsieur, mais vous avez dépassé votre plafond de retrait pour ce mois...

Lui, rouge, soufflant, tape du poing sur le guichet - AH C'EST COMME ÇA ?! ET BIEN JE FERME MON COMPTE. JE SOLDE TOUT, TOUT DE SUITE.

Elle pianote puis lève la tête et catastrophée, et dit, très doucement - alors vous êtes en découvert de deux cent quatre vingt cinq euros, pour fermer votre compte, il faudrait que vous versiez cette somme...

Lui, perd dix centimètres.

Elle, à voix basse - Et on n'acceptera pas de chèque.

vendredi, 3 février 2012

Vincent se fait un kébab ou pourquoi accompagne-t-on toujours un kébab de sauce blanche ?

Rue du faubourg Montmartre, il y a le Quick le plus lent de la terre : on y prépare les hamburgers à la commande. Ce lundi soir-là, Vincent craque pour le kébab pas loin.

- "Bonsoir, un kébab-frites, s'il vous plait."

De l'autre côté du comptoir, en mode automatique : "salade-tomate-oignon ?"

- "Oui."

Puis : "sauce blance ?"

- "Ça dépend, vous avez quoi ?"

Réponse en une respiration : "blanche, samouraï, ketchup, tunisienne, harissa, curry, marocaine, hannibal, provençale, salsa et algérienne."

- "Euh, sauce blanche s'il vous plait."

- page 1 de 10