Après trois 10km -dont celui du triathlon de Paris-, il était temps de passer à la distance supérieure. 

Et voilà que la ville de Boulogne-Billancourt avait eu le bon goût d'organiser un semi-marathon le jour de mes 32 ans. Ce fut donc mon objectif de l'automne : moins d'1h45. À l'origine, mon secret espoir était même d'approcher 1h40, mais il fut légèrement douché par mes 45'23 au 10km d'Odyssea le 7 octobre.

Sur les six dernières semaines, je courus 145 kilomètres, un joyeux programme mélangeant lac Daumesnil, bois de Vincennes et stade Leo Lagrange, avec de l'endurance, du fractionné, de la vma... Mais le plus intéressant dans mon austère préparation fut la dernière ligne droite - peu orthodoxe.

Vendredi, soirée pizza - nanar - beaujolais entre amis : Plan 9 from outer space puis Beowulf -celui avec Christopher Lambert et Götz Otto- jusqu'à 2h du matin. Le beaujolais a cette année, comme toutes les années, un nez de carambar et un goût très fort de bonbon à la banane - pour les chimstes, l'acétate d'isoamyle c'est un peu l'équivalent de la madeleine de Proust, on se retrouve instantanément projété en salle de TP, avec Mme V qui mime la molécule.

Plan 9 est en fait un hommage aux films de genre et Ed Wood est le lointain précurseur de Quentin Tarantino. Si, si : Plan 9 et Death Proof (ou Kill Bill), même combat. Le seul vrai défaut de Plan 9 c'est de ne pas vraiment choisir son genre (extraterrestres, zombies, vampires, thriller...). Au final, avec un scénario plus clair, de meilleurs acteurs et beaucoup moins d'erreurs techniques, ç'aurait pu être un film très dans la moyenne.

Avant de regarder Beowulf, il faut bien bien avoir à l'esprit que c'est la réinterprétation médiévale steam-punk d'un des plus anciens écrits de la littérature anglo-saxonne. C'est un film construit autour d'enjeux fondamentaux, qu'ils soient scénaristiques (le péché originel comme déclencheur de lutte du bien contre le mal) ou financiers (comment faire ce qu'on peut avec très peu) : c'est le choc de l'épique et du cheap. Et il y a Christopher Lambert qui fait plein de saltos, sur fond de musique techno.

Samedi après une courte sieste, puis un apéro chez les voisins, je chipotai un plat de nouilles devant le très intense France - Argentine et fut au lit bien tard. Le XV de France millésime 2012 domaine Saint-André me plait bien, même si je pousserais pour Fofana en 12, Huget en 14 et un jeune ailier/arrière sur le banc (par exemple Buttin, mais il faudrait qu'il joue plus avec l'ASM).

Dimanche matin, réveil aux aurores (7h) pour avoir le temps de manger puis digérer un plat de nouilles, avant l'heure fatidique du départ de la course (10h). 

Puis, tout en buvant plein d'eau comme il paraît qu'il faut faire, choix cornélien de la tenue. Rien à voir avec une quelconque coquetterie, il s'agissait de faire au mieux avec la météo annoncée (pluie faible) et la météo constatée (averses). Les options étaient : T-shirt manches courtes genre novembre-qui-a-dit-que-c'était-novembre?, haut à manches longues façon confiant-il-ne-pleuvra-pas-trop ou k-way style Runnin'-in-the-rain.

Vers 8h50, le choix enfin fait, je pris le métro en direction de Boulogne. Tiens à ce propos, dans la 9, j'assistai à scène amusante aux alentours de rue de la pompe, mais en préambule il faut que vous sachiez que les jours de course, dans le métro, plus l'on approche du lieu de la course et plus la proportion de coureurs en tenue de course augmente. Deux jeunes filles d'environ quinze ans - l'une tenait le figaro et l'autre un sac à main Burberry - discutaient avec force décibels d'une amie commune qui serait sortie avec Mathieu, ou pas, ce n'était pas certain quoiqu'en pense l'une. Soudain l'autre après avoir balayé la rame du regard se pencha vers la première et lui chuchota : "tu n'as pas l'impression qu'on est entourées de coureurs ?" Et l'autre, un peu inquiète : "''Si, mais qu'est-ce qui se passe tout d'un coup ?'"

J'arrivai à Boulogne, métro Marcel Sembat, à 9h30 et déposai mon sac à la consigne en quelques secondes (excellente organisation !). Puis je fis la queue trente minutes pour aller aux toilettes...

Bref, je me retrouvai sur la ligne après que le départ de la course fut donné et sans échauffement... J'occupai donc les trois premiers kilomètres à slalomer. A partir du septième, il plut fort et je rattrapai le meneur d'allure 1h45. Au onzième je me sentais toujours bien, au point d'accélérer un peu, il cessa de pleuvoir et le meneur des 1h40 fut visible à partir du quinzième. Je le rattrapai au vingtième. Sophie était à l'arrivée avec un chouette parapluie multicolore - je sprintai donc.

Au final, 1h38 (wouhou !), en negative split.

Et depuis, mes adducteurs ne sont que courbatures...