Match-race : la bouée au vent
Par Bertrand Ytournel le mardi, 24 avril 2007, 23:12 - match-race - Lien permanent
Le duel avec l'adversaire avance, le bord du cadre se rapproche, les équipiers d'avant préparent le spi, l'on pense déjà à la suite alors qu'un monument se dresse face à nous : la bouée au vent.
Trajectoire idéale
Le but est d'être, après, sur un cap portant, spi envoyé, le plus proche -en latéral- de la bouée, pour éviter que l'autre voilier ne prenne l'intérieur au début du bord de portant[1].
Ainsi, on approche en babord légèrement au dessus de la layline et en tribord plutôt en dessous.
Note : toucher une marque de parcours donne une pénalité. C'est un cas où les arbitres décident spontanément de sanctionner (il ne sert à rien de réclamer parce qu'un adversaire a touché la bouée).
Diverses manoeuvres
Il existe 4 manoeuvres types pour enrouler la bouée.
A) En Bare-away, l'approche se fait babord amure, le spi est hissé pendant l'abattée.
B) En tack and hoist, l'approche se fait tribord amure. Le voilier vire et envoie son spi pendant l'abattée[2].
C) En Gybe set, l'approche se fait babord amure, le spi est hissé pendant un empannage (on peut ne mettre en place le tangon qu'une fois l'empannage réalisé). Cette manoeuvre ne sert que si le vent a basculé et que le bord babord est direct -ou presque- vers la bouée.
D) Si l'on veut vraiment compliquer, on peut virer puis empanner et hisser. Gardons tout de même à l'esprit qu'un voilier va plus vite en ligne droite qu'en manoeuvres...
Règle d'engagement
Les règles de base sont complétées par quelques situations particulières.
Lorsque le premier voilier entre dans la zone des deux longueurs, on fait un arrêt sur image. Si le second voilier est engagé, il le restera pendant toute la phase d'enroulement de bouée -même si l'engagement est rompu plus tard.
Enrouler la bouée
A la bouée, c'est compliqué (parole de barreur). Catégorisons donc.
Amures identiques (où l'auteur révèle l'existence de la règle 18)
1) S'il n'y a pas engagement, le voilier en route libre derrière doit se maintenir à l'écart du voilier en route libre devant (règle 18.2.b). Attention, en cas de virement, la règle 13 prend le pas sur la 18. Ainsi, si Rouge vire, il doit se maintenir à l'écart de Vert qui peut lofer.
Il faut donc veiller à ne pas virer juste sous l'étrave de l'adversaire.
2) Quand il y a engagement et que le voilier extérieur est prioritaire -car sous le vent- (donc tribord amure), le voilier à l'extérieur doit donner de la place au voilier à l'intérieur pour doubler la marque, même si l'engagement est rompu ultérieurement (règle 18.2.a).
3) Quand il y a engagement et que le voilier intérieur est prioritaire -car sous le vent- (donc babord amure), le voilier à l'extérieur doit se maintenir à l'écart du voilier à l'intérieur pour doubler la marque, même si l'engagement est rompu ultérieurement (règle 18.2.a).
Y a-t-il une différence ?
Oui, et elle est fondamentale. Dans le premier cas, le prioritaire doit laisser la place à l'autre de passer. Pas plus, pas moins. La place juste. Dans le second cas, le non prioritaire doit laisser au prioritaire toute la place qu'il veut[3].
Amures opposées
Là, tout est plus simple puisque la règle 18 ne s'applique pas. On est dans un simple tribord / babord et babord doit se maintenir à l'écart.
Enfin, il y a une limite forte à ce cas : le tribord doit virer au bout d'un moment...
Virement dans les deux longueurs
Le retour de la règle 18 (18.3). "Si deux voiliers étaient sur des bords opposés et que l'un d'eux termine un virement de bord à l'intérieur de la zone des 2 longueurs pour passer une marque ou un obstacle et si par la suite l'autre voilierne peut pas, en loffant, éviter de devenir engagéà l'intérieur, le voilier qui a vité doit se maintenir à l'écart (et les règles 15 et 18.2 ne s'appliquent pas."
En clair si en virant, Bleu oblige Jaune à s'engager à l'intérieur, il doit le laisser passer.
Cas 1 : Bleu vire dans la zone et lorsqu'il finit, Jaune est engagé. Alors Bleu doit se maintenir à l'écart, Jaune peut loffer, il n'est pas soumis aux règles 15 et 17.
Cas 2 : Bleu vire dans la zone et lorsqu'il finit, Jaune n'est pas engagé. Cependant lorsque Bleu abat -pour passer la bouée-, il engage Jaune sans que Jaune ne puisse l'empêcher. Alors Bleu doit se maintenir à l'écart, mais Jaune ne peut pas lofer, il est soumis à la règle 17 (il ne peut naviguer plus haut que sa route normale).
Cas 3 : Bleu vire dans la zone et lorsqu'il finit, Jaune n'est pas engagé. Cependant lorsque Bleu abat -pour passer la bouée-, il engage Jaune. Sauf que Jaune avait la place de lofer -et d'éviter de se retrouver coincé à l'intérieur. Bref, c'est presque le même cas que 2, à quelques centimètres près... Si Bleu à la place de se maintenir à l'écart, alors c'est bon, Jaune abttres dès que possible, sinon (de même que si non), Jaune se fera pénaliser[4].
Fair play
On ne doit pas gêner un voilier sur un autre bord sauf si l'on est sur sa route normale (règle C 2.6).
C'est ainsi, la bouée au vent est passée. Les spis ont été hissés et les voiliers glissent doucement, portés par Eole, vers l'autre bouée, celle sous le vent. Arrêtons-nous un instant pour monter dans le bateau des empailleurs...
Notes
[1] Si celui de derrière est assez proche sous le vent, il n'est pas déventé et peut bloquer l'empannage de l'autre, et donc l'entraîner jusqu'au cadre.
[2] Si le gréement le permet -indépendance du circuit d'écoutes de génois et des manoeuvres du tangon de spi-, le tangon peut être hissé -voire cloché- dès avant le virement.
[3] L'autre peut donc lofer.
[4] Il faut être confiant pour oser placer son étrave entre la bouée et l'autre voilier.
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