Samedi matin, l'Irlande est grise mais il ne pleuvra peut-être pas. Nous récupérons Flora, Pierre et une 206 bleu à l'aéroport[1]. Nous ne partons vers l'ouest que demain. D'ici là, commençons par Dublin.

Parking souterrain, voiture garée, nous descendons O'Connell street -la grande rue commerçante-, traversons la Liffey et mangeons un kebab ultra épicé[2]. Un peu plus bas, en face du magasin Peterson's, il y a Trinity College, on y fait un tour -guidé par un élève. Ensuite c'est le Book of Kells -un évangile enluminé- et The Long Room : la grande bibliothèque, toujours aussi belle. Il se dégage de cette pièce une sacrée sérénité. L'affiche dans mon salon a beau être jolie, rien ne vaut une vraie visite pour s'imprégner de l'ambiance : lumières, odeurs, sons...

Nous sortons, ça s'est rafraichi. Il pourrait même pleuvoir. J'achète un grand parapluie Guiness avec le secret espoir qu'une fois le parapluie acheté, il ne pleuvra pas (corollaire à la première loi de Murphy[3]). Ensuite, c'est Grafton street : une rue commerçante et piétonne. Des gens y jouent de la musique ou font de petits spectacles (un steel guitariste et un drôle de cowboy nous retiennent quelques instants). Avant[4], il y avait aussi des vendeurs de cigarettes à la sauvette. Nous débouchons sur St Stephen's Green, un petit parc dont les bancs sont accueillants car il ne pleut pas.

Six heures, il serait temps de chercher un toit pour la nuit. Notre voiture nous conduit sur Drumcondra Street, une grande route qui mène à l'aéroport. Tous les B&Bs sont pleins. Un vieux souvenir me pousse jusqu'à Brandon, le premier B&B que nous avions fait avec mes parents en 2001. Ils sont sorry d'être closed. Finalement nous retournons vers la seule guest house qui affichait des vacancies. Elle ne nous inspirait pas confiance, un type curieux ouvre la porte, jeans élimés, pieds nus et chemise déboutonnée. La chambre est simple mais a l'air confortable. C'est un peu cher, mais on n'a que ça et on ne va pas y passer la soirée. On prend.

Retour à Dublin pour dîner. Pierre nous conduit au Market Bar[5], ça a l'air sympa mais il y a trop de monde, nous tournons un peu partout pour finalement aller au Mac Do. On finit la soirée dans un petit pub tout ce qu'il y a de plus agréable : Dame Tavern[6]. J'abandonne la dernière gorgée de ma pinte de Guiness, il est temps de rentrer.


Dimanche matin, neuf heures, full irish breakfast : sausages, mushrooms, eggs and rashers, toasts, brown bread, tea, orange juice, cereals and milk. Plus un petit reste de camembert car nous sommes français. Le temps est gris, le vent un peu frais mais ça pourrait se gâter. Nous chargeons Flora, Pierre et leurs sacs puis nous filons vers l'ouest, direction Limerick. Une petite pause à Roscrea -jolis pubs et un château- et nous arrivons sur les bords de la Shannon.

On pensait pousser jusqu'aux Cliffs of Doolin, mais c'est un peu loin, d'autant que le temps s'est gâté. Nous passerons donc la soirée à Limerick. Plus facilement que la veille, nous trouvons un B&B : le type est en train de retaper la maison et nous propose une grande chambre à deux lits double. Va pour. Pause carte pour décider ce que nous ferons demain. Trois options météorologiquement ditstinguées : s'il pleut nous irons visiter Cork puis Waterford[7] ; si le temps est moyen, nous irons à Killarney voir les lacs et s'il fait beau nous irons dans les Burren et les Cliffs of Moher.

Pour l'instant, nous avons une fin d'après-midi à occuper. Ballade dans les rues de Limerick, autour du quartier georgien, je sors mon parapluie. Il est grand et solide, ça tombe bien, il pleut à verse et il vente fort[8].

Flora nous convainc de manger mexicain. Quand nous en sortons, il ne pleut plus et le coucher de soleil sur la Shannon est très joli. Nous finissons la soirée au Dolan's : un pub bien sympathique avec de la musique tous les soirs et ce soir, c'est une flûte, un accordéon et une guitare qui s'y collent.


Lundi matin des tomates remplacent les champignons dans notre breakfast. Dehors, c'est l'été. Va pour les falaises du Moher !

Un peu de retour et nous nous retrouvons dans les paysages typiques du Clare et du Connemarra : champs verts et murs de pierre.

Ensuite, c'est le Burren : des roches sédimentaires fracturées. Il fait beau, c'est chouette les vacances.

Le soir nous arrivons à Galway et sautons sur le premier B&B qu'on rencontre. Le type est accueillant. Les chambres immenses, c'est pas cher[9]. Six heures et demi, un peu tard pour shoppinger -on verra ça demain- mais juste assez tôt pour se ballader en ville. Dans le port, il y a des cygnes, sur une avancée de terre, des maisons colorées. Il pleut un peu mais pour de faux. Dans une rue, il y a un gamin qui fait le clown : il jongle et fait rire son public -peut-être quatre vingt personnes. Depuis Bonnières sans scène, je suis très impressionné par les amuseurs puclics. Ce gosse-là avait treize ans, chapeau bas. Il est temps de chercher à manger, nous allons à The Quays[10]. Saumon fumé en entrée et grillé pour suivre, un délice. Nous enchaînons côté pub et j'abandonne la Guinness pour une Smithwick's, half a pint.


Mardi matin, c'est notre dernier irish breakfast, l'heure du régime approche. Le temps est exécrable : vent et pluie. Tant pis pour Galway, nous filons directements vers Dublin. Vers midi et demi, pause technique dans un bar, je prendrai juste un thé, Flora une soupe, Pierre et Sophie un tarte aux pommes. A Dublin, nous décidons de finir ces quatre jours de vacances par une ballade à Phoenix Park.

Beaucoup de vent plus tard, nous nous dirigeons vers l'aéroport. On rend la voiture, aucun problème. Nous enregistrons nos bagages et c'est l'anniversaire de Pierre. Tout le monde -y compris lui- l'avait oublié. Sophie et moi nous éclipsons cause shopping. Résultat : deux polos Guiness, deux verres à bière, des boutons de manchette toucan et des boucles d'oreilles trèfle. De vrais touristes !

Arrivée à Paris, on gagne 10°c et du soleil mais on perd une bonne demi-heure à attendre notre parapluie qui est resté coincé dans le tapis roulant à bagages. C'est une valise en provenance de Stuttgart qui le décoince. RER direction Paris[11], puis métro. Pâtes fraîches panzani et déballage de fringues. Dodo à minuit. C'était un beau week-end.

Notes

[1] Conduire à gauche, c'est plus facile qu'on ne le pense : il suffit de suivre les autres voitures. La poignée de vitesse à main gauche, c'est un peu perturbant au début mais on s'y fait très vite. Le contrôle vers l'arrière , c'est le point délicat : par réflexe, on tourne la tête à droite, du coup on se contente du rétroviseur extérieur et on oublie le rétroviseur intérieur. Au bout de quelques kilomètres, on retrouve tous ses repères et comme les Irlandais ne sont pas des sauvages au volant, tout se passe au mieux. Quelques tips pour conduire comme un Irlandais : pour remercier quelqu'un qui vous laisse passer, il ne faut pas saluer avec toute la main, il suffit de relever l'index d'une main qui tient le volant. Si vous êtes un véhicule lent, il est de bon ton d'empiéter sur la bande d'arrêt d'ugence -hard shoulder- pour faciliter les dépassements. Si vous suivez un véhicule lent et qu'il met son clignotant à gauche alors qu'il n'y a pas de route à gauche, c'est pour vous signaler qu'il n'y a personne devant, vous pouvez dépasser ; dans ce cas, le coup de l'index ne marche pas, pour remercier, il faut allumer les warnings une ou deux secondes.

[2] On pourrait parler des heures de la nourriture irlandaise, coupons court : dans l'ensemble c'est dégueulasse et très gras.

[3] tiens d'ailleurs, avec un nom pareil, Murphy devait être irlandais

[4] Oui parce que l'Irlande, voyez-vous, c'est la quatrième fois que j'y vais, alors je commence à connaître.

[5] Fade Street, Dublin 2. Une ancienne halle à chaussures transformée en restaurant / bar. Bruyant mais très in d'après Pierre.

[6] Dame Court, Dublin 2. The Stags Head, juste en face, est très chouette aussi.

[7] Les Irlandais sont des gens qui chochottent les s et sh mais aussi les dentales (T et D) suivies de a, y, i et e -ainsi Waterford se prononce ouachefo'd- et ferment celles qui précèdent o et u -Take the bus se prononce à peu près tchake de bosssh.

[8] Comme le résumera si bien la dame du B&B le lendemain matin : you didn't come to Ireland for the climate, did you. -ce qu'elle a prononcé tchou tchitchen come tchou aï-lende for tche claïmetche, tchitchyou

[9] Almara Guest House, 2 Merlin Gate, Dublin Rd, Galway.

[10] Quay Street, Galway. Ce pub vaut le détour : la déco est très chouette et il y a plusieurs ambiances dans les différents recoins (bibliothèque, église, bar branchouille). Et souvent, il y a de la musique.

[11] Note pour plus tard : ne jamais acheter ses tickets de RER à Orly : les machines sont sous-dimensionnées : trente minutes perdues.