Depuis que je suis tout petit, j'adore écouter des histoires. Petit à petit, je me suis mis à en raconter. C'est certainement pour cela que j'ai commencé à faire de l'impro... Dans l'excitation d'un week-end d'impro en Bretagne, j'ai décidé de jouer sur scène, devant des gens. Tout a commencé par un spectacle au bôb (le bar de l'école), il y avait Fabien D., Sarah, Antoine, Fabien H., Aude, moi et Barja à la régie. C'était pendant une soirée vin et fromages, il y avait du bruit, du mouvement, les thèmes étaient bizarres. J'étais horriblement stressé avant -mal au ventre, tremblements, survitesse cardiaque...- et franchement pas terrible sur scène -sauf peut-être sur l'Île de la tentation avec Sarah.

A la fin, nous avons salué et les spectateurs ont applaudi. Déversement d'endorphines... Il m'a fallu plusieurs heures pour redescendre sur terre. Depuis, je saute sur toutes les occasions pour retrouver l'ivresse de la scène. Mes drogues : matchs d'impro, pièces de théâtre, spectacles d'improvisation, théâtre de rue...

Le théâtre, c'est plus un symptôme d'égocentrique que de mégalomane.

Il n'y a pas que la scène dans la vie, il y a aussi la préparation. Ainsi, j'ai passé tout le week-end rue Sainte Cécile, à faire du théâtre. Un vrai régal, sauf à la toute fin. Le dernier exercice était un duel de clowns. Le principe est simple : deux comédiens côte à côte qui n'interagissent pas. Ils font ce qu'ils veulent, chacun de leur côté, pour séduire le public.

Vu du public, il y a deux spectacles sur scène. Les deux comédiens font de leur mieux et tout le monde regarde le meilleur... Vu de la scène, il y a un public ingrat qui passe son temps à regarder le type d'à coté qui fait n'importe quoi... A côté de moi, il y avait Patrick -que j'aime bien- et en face de moi tous les On/Off -que j'aime bien.

Au début, Patrick s'est mis à mimer quelque chose, tout le monde a ri. Il aurait fallu que je fasse quelque chose pour attirer l'attention : un grand bruit, un geste, n'importe quoi. J'aurai coupé le contact entre Patrick et son public. Quel droit avais-je de les priver de Patrick -qui les faisait rire ? Et quel droit avais-je de priver Patrick de ses spectateurs ? Blocage complet.

Je me suis adressé à Caroline -la prof. d'un jour- pour lui dire que ça ne me plaisait pas, que pour moi ce n'était pas ça le théâtre, ce n'était pas une lutte entre deux comédiens sur scène. Echec : tout le monde s'est mis à regarder de mon côté. Je voulais juste arrêter l'exercice et je venais de faire ce que je cherchais à éviter. Silence. Ils se sont remis à regarder Patrick. Soulagement : ça allait à l'encontre de tout ce que j'ai fait jusqu'à présent -Jouer avec l'autre, se nourir de se qu'il apporte, s'appuyer sur l'autre pour construire... L'esprit de groupe -de troupe- est très important. On joue toujours mieux avec les personnes que l'on connaît et qu'on apprécie.

Faire du théâtre, ça n'est pas qu'un symptôme d'égocentrique, c'est souvent nourri par de l'altruisme : l'envie de faire plaisir au public et aux autres comédiens.

Caroline : "lorsque l'autre est meilleur, ça t'oblige à hisser ton niveau, c'est une manière de progresser."

Je suis encore un peu vert, mais j'ai le temps de mûrir.

Venez lundi au Théo !