Rhinovirus
Par Bertrand Ytournel le mercredi, 22 mars 2006, 12:22 - jardinage - Lien permanent
Le rhume est la plus inutile des maladies.
Nez bouché, courbatures, fatigue. Mais ni mal de gorge, ni toux, ni mal de ventre. Mon rhume est tout sauf sérieux, j'ai attrapé un virus flemmard.
S'il y avait mis un peu du sien -une bonne fièvre !- j'aurais pu rester chez moi. Un ou deux jours sous la couette, avec une bouillote, à lire des BDs. Sur la table de chevet, un thermomètre, un verre à aspirine et un verre à jus d'orange -pour faire passer le goût de l'aspirine. Et si j'avais eu mal à la gorge, j'aurais même pu boire des laits chauds au miel...
Ah, une bonne grippe. Se faire dorloter[1]. Sophie m'aurait acheté des bonbons, un ou deux magazines ou même un jouet en légo... Le soir, l'air compatissant : tu t'es bien reposé aujourd'hui ? Petite voix qui émerge des oreillers, oui mais je suis encore tout fatigué... Phrase magique : qu'est-ce que je pourrais faire pour te faire plaisir ? Le bonheur, tu pourrais me lire une histoire ?
Mais là non, j'ai juste un rhume... Un rhume idiot, qu'un médecin pompeux aurait certainement auréolé du titre de rhinite aigüe avec occlusion sinusale et suspicion d'irritation du nasopharynx. Evolution possible en laryngite, trachéite et bronchite (si le virus est du genre descendant) ou d'otite moyenne aiguë (si le virus est ascensionnel). Transmission par contact direct. Donc les gens m'évitent -j'ai l'impression d'être un vrai canard. Evidemment, je vais quand même leur refiler mon rhume idiot et ils vont m'en vouloir. En plus, un rhume, c'est tout sauf discret : je barle d'importe cobbent, je remplis des quantités industrielles de mouchoirs en papier et j'éternue régulièrement.
A quoi bon être malade s'il n'y a que des mauvais côtés ? C'est nul !
En signe de protestation contre cette demi-maladie, hier soir, j'ai fait comme si j'étais vraiment malade : j'ai bu un grog[2]. Na !
Notes
[1] Dans l'une de ses rubriques à brac, Gotlib fait l'éloge de la bonne grippe ; j'essaierai d'en retrouver la trace ce week-end.
[2] Recette du grog : un morceau de sucre de canne, une cuillère à soupe de jus de citron, une cuillère à café de cannelle en poudre, deux clous de girofle, deux cuillères à soupe de rhum ambré et de l'eau bouillante pour complêter la tasse.
Commentaires
oohhh...bauvre bedit...
Allez, voici une histoire pour te faire plaisir:
Il était une fois une petite poule rousse, qui vivait dans sa petite maison, toute seule (la paaauuuvre...). Un vieux Renard, habile et rusé, demeurait au milieu des rochers, sur une colline, non loin de là. Au fond de son terrier, maître Renard rêvait, le jour et la nuit, au moyen d'attraper la petite Poule rousse.
" Comme elle doit être tendre! " pensait-il. Si seulement je pouvais la mettre bouillir dans ma grande marmite! Quel fameux souper pour ma vieille mère et pour moi!
Mais il ne pouvait pas venir à bout de la petite Poule rousse, parce qu'elle était trop fine et trop prudente. Toutes les fois qu'elle sortait, elle fermait sa porte, et prenait sa clef, et quand elle rentrait, elle s'enfermait soigneusement, et mettait la clef dans la poche de son tablier, avec son dé et ses ciseaux.
A la fin, le Renard pensa qu'il avait trouvé un bon moyen. Il partit de grand matin, en disant à sa vieille mère :
- Mets la grande marmite sur le feu , nous aurons la petite poule rousse pour notre souper.
Il mit sous son bras un grand sac et courut jusqu'à la maison de la petite poule. Elle venait justement de sortir pour ramasser des copeaux afin d'allumer son feu. Le Renard se glissa derrière la pile de bois et, pendant qu'elle était baissée, il fila dans la maison et se cacha derrière la porte.
Une minute après, la petite poule rousse rentra, en disant :
- Je vais fermer la porte, et après je serai bien tranquille...
Et comme elle se retournait, elle vit le renard, avec son grand sac sur l'épaule! Hou! comme la petite Poule fut effrayée! Mais elle ne perdit pas la tête, elle laissa tomber ses copeaux, et vola sur la plus haute armoire, d'où elle cria au vilain vieux renard :
- Ha, ha, tu ne me tiens pas encore!
- Nous allons voir ça, dit maître renard.
Et que crois-tu qu'il fit, petit Bertrand ? Il se planta sur le plancher, juste au-dessous de la petite Poule rousse, et il se mit à tourner, à tourner, à tourner après sa queue, tout en rond, et de plus en plus vite, si bien que la pauvre petite Poule en fut tellement étourdie qu'elle en perdit l'équilibre et tomba juste dans le grand sac que le renard avait posé tout ouvert à côté de lui ! Il jeta le sac sur son épaule et partit pour sa caverne, où la marmite bouillait sur le feu.
Il lui fallait monter toute la colline, et le chemin était long. La petite poule rousse ne savait d'abord pas où elle en était, tellement la tête lui tournait; mais, au bout d'un moment, elle reprit ses sens; elle tira alors ses ciseaux de sa poche, et clip! fit un petit trou dans le sac et passa la tête au dehors. Quand elle fut à un endroit favorable, clip, clip, elle fendit le sac, se glissa dehors, tout en tenant le fond du sac et vite, vite, elle y fourra une grosse pierre.
Après quoi, elle prit son vol, et fila aussi vite qu'elle put jusqu'à la maison, où elle s'enferma bien soigneusement.
Le vieux renard continuait sa route, bien content, avec la pierre dans le sac, et se disant : " Comme cette petite Poule rousse est lourde; je ne la croyais pas si grasse. Elle va me faire un fameux souper! " Il arriva assez fatigué à la caverne, et, dès que sa vieille mère le vit, elle lui cria :
- As-tu la petite poule rousse ?
- Oui, oui, dit-il. Est-ce que l'eau est chaude ?
- Elle bout à gros bouillons, dit la vieille mère.
- Alors, attention. Ôte le couvercle de la marmite, je secouerai le sac et ferai tomber la petite poule rousse dedans, et toi, tu veilleras, de crainte qu'elle ne s'envole.
La vieille mère renard ôta le couvercle de la marmite, et se tint tout près. Le renard ouvrit légèrement le sac sans regarder dedans, le prit par le fond et le secoua au-dessus de la marmite.
Plouf! plouf! La grosse pierre tomba dans la marmite, qui se renversa et échauda le renard et sa vieille mère, de sorte qu'ils furent tellement brûlés qu'ils en moururent.
Et la petite poule rousse resta dans sa petite ferme, où elle vécut heureuse tous les jours de sa vie.
Moralité : il faut toujours se méfier des poules qui parlent