Il était prévu depuis juillet que je reste seul sur Paris ce week-end. Sur la lancée de mes aventures précédentes, j'en ai profité pour m'inscrire au Triathlon de Chantilly, initialement sur Distance Olympique (1,5 / 40 / 10) et puis sur un coup de tête, je suis monté en gamme pour me retrouver sur Half-Ironman ![1]

Tout commence par un méchant réveil à 4h du matin, ce dimanche 30 août. Douche, habillage, fignolage du sac, puis un petit coup de vélo vers la gare de Lyon pour prendre le RER D. Intéressante, la galerie de personnages croisés dans le premier RER du dimanche matin. Ceci dit, pour les fêtards dans le coltard, un type en trifonction qui trimballe un vélo et un gros sac à dos, cela doit être un spectacle inhabituel.

Le train arrive à Chantilly Gouvieux vers 6h15 et je pédale tranquillement vers le château, accompagné de quelques autres compétiteurs.

Il fait encore nuit, le parc du château et le champ de courses sont noyés dans une brume sleepy-hollowesque. Le château (très beau !) se réveille tout doucement quand le soleil se lève. Dossard récupéré, je file dans l'aire de transition pour faire vous-savez-quoi.

Cette course est étonnante car organisée par des Anglais, Chantilly est une des étapes d'un circuit de triathlons organisés dans des châteaux : the Castle Triathlon Series, et toutes les autres étapes sont en Angleterre. Résultat : une grande proportion de coureurs anglais, des officiels et pas mal de volontaires anglais. Et le comble du britannisme, la puce chronométrique se porte sur la cheville droite (en France c'est à gauche).

7h40, tout est prêt, je me retrouve les pieds dans l'eau du bassin, à écouter le briefing. 8h10, la première vague (ceux qui courent l'Half-IM) est dans l'eau. 5, 4, 3, 2, 1, BANG ! C'est parti.

Natation dans le bassin du château. Eau à 18°c, en combinaison (hélas !). Pas grand chose à raconter, j'ai accéléré dans les premiers 200m pour éviter l’essoreuse des premiers mètres et nager au calme. Il n'y a pas d'algue, mais l'eau n'est pas claire pour autant. Je sors 13ème de l'eau en 32'12" (vs. 35' sur le plan de route).

T1 : pas mal de marche entre le bassin et le parc à vélo, avec en prime des escaliers. Je prends mon temps pour me préparer et notamment enfiler un cuissard de vélo au-dessus de la trifonction - je suis parti pour passer 3h sur une selle, autant ne pas lésiner sur le confort.

Tri Chantilly - The Gauntlet

Cyclisme : après 500m sur un chemin caillouteux (ne pas crever ! ne pas crever !), nous attaquons un très joli parcours, roulant, d'environ 87km, en deux boucles. Les sensations sont bonnes, même si je passe ma course à me faire doubler - sauf que là, ce n'est même pas la peine d'essayer de prendre les roues, puisque le drafting est interdit[2]. Du coup, j'ai fait ma course tranquille : sur le plan de route je visais >28km/h de moyenne et cardio moyen Z3+ en évitant les coups de sang.

La seconde boucle fut moins sympa : début de fatigue + plus de vent + chaleur + route encombrée par la dernière vague du DO[3]. Vers le 60e km, j'ai commencé à avoir une petite douleur sous la plante du pied droit - je suspecte un (récent) mauvais réglage des cales de mes chaussures de vélo.

Au final, je pose le vélo content, en 2h50 au lieu des 3h15 prophétisés.

Tri Chantilly - The Gauntlet

T2 à la toute fin du parcours cycliste, mon capteur FC est parti en sucette, indiquant une FC de 212 ! Mon max est à 205, mais quelques secondes plus tôt, je tournais aux alentours de 170. Petite frayeur : j'ai complètement coupé mon effort et pris mon pouls à l'ancienne (rassurant). A T2, j'ai redémarré le cardio et tout est rentré dans l'ordre.

Tri Chantilly - The Gauntlet

Course à pied : j'attaque plutôt en forme, à 5'45"/km. Le parcours commence sur un chemin de forêt : merci pour l'ombre mais dommage pour le terrain irrégulier qui amplifie ma douleur sous le pied droit.

Celle-ci devient très méchante au point de me faire songer à abandonner au km4. Je continue en alternant course, marche (et pause) pendant une dizaine de minutes et dis adieu aux 1h55' espérés.

Puis, on arrive sur un sol plus dur et - étonnamment - cela va mieux. Je repars, à allure réduite, et continue à marcher de temps à autres au gré de la douleur...

Tri Chantilly - The Gauntlet

Il fait incroyablement chaud (33°c) et je commence à avoir les jambes très très lourdes. Le moral n'est pas très haut quand je passe à quelques mètres de l'arche d'arrivée... et repars pour 11km qui commencent par une longue portion sans un centimètre carré d'ombre.

Néanmoins, je compte bien finir cette course. J'accompagne d'autres coureurs et taille un brin de causette (cela fait un moment que le souffle n'est plus le facteur limitant), ce qui m'aide à passer le temps.

Au km19, mon cerveau se débloque et j'ai une révélation : finir à 6'/km devrait m'assurer de arriver sous les 6 heures. J'accélère, ça tient. J'accélère encore, puis encore un peu et me voilà à 5'30"/km (allure inimaginable quelques minutes auparavant, comme quoi la tête c'est important). Je pique même un petit sprint sous l'arche d'arrivée et alors que je reprends mon souffle, tête baissée, les mains sur les genoux, une bénévole me passe la médaille autour du cou : "Congrats!"

Tri Chantilly - The Gauntlet

Finisher !

Sub 6 ! Ce qui est un petit plus sympa vu mon manque d'entrainement en vélo et le semi catastrophique[4]... Le plan : 35' + 3h15' + 1h55' = Sub 6h vs. la réalité : 32' + 2h50' + 2h27' = Sub 6h.

Pour finir : très jolie course dans un cadre absolument génial : nager dans le bassin du (superbe) château, rouler dans la (jolie) campagne et le PNR de l'Oise et courir dans le (très joli) parc du château, c'est la grande classe.

Voilà, c'est ainsi que se termine le cycle triathlon 2015[5] ; prochaines sorties : 10km Odyssea le 4/10 et semi de Vincennes le 25/10...

EDIT 2 : deux semaines plus tard, toujours une douleur au pied droit...

EDIT 3 (novembre) : le bobo au pied a duré, duré. Et malgré le repos, il n'a pas passé... Docteur, examens, radios : ce n'était pas une fracture de fatique, mais un syndrôme de Morton. Nouvelles semelles orthopédiques et hop, c'est reparti ! Enfin, doucement et avec la ferme intention d'apprendre à mieux courir pour éviter que cela revienne...

Notes

[1] C'était vraiment un pari car - vacances obligent - depuis le tri de Paris, il y a près de deux mois, je n'ai fait que 7 sorties vélo, pour un maigre total de 270km, bien loin de ce que suggère une préparation sérieuse pour une course longue distance. M'enfin on ne vit qu'une fois !

[2] Cela n'empêche pas les tricheurs : je me suis fait doubler par un peloton d'une quinzaine de coureurs ; ils ont été rattrapés par un arbitre qui les a dispersés, mais je n'ai pas vu le moindre carton, curieux.

[3] Ceci étant, heureusement qu'ils étaient là car cela m'a permis de doubler des cyclistes - sérieusement, je pense n'avoir doublé aucun coureur de ma vague, sauf quatre qui avaient crevé...

[4] Encore plus long que le second semi du marathon de Paris, c'est dire

[5] Pour rappel, 2015 c'était un cycle course à pied 10k (Vincennes en février), semi (Paris en mars) et marathon (Paris en avril) ; puis triathlon S (Versailles en mai), M (Paris en juillet) et L (Chantilly en août).