Il est amoureux et l'attend. Elle est amoureuse et vient de passer cinq heures avec un homme irrésitible. Il est jaloux et ne comprend pas pourquoi elle a refusé une invitation de cet homme. Et il essaie de raisonner sur l'amour.

Le premier acte est un peu bavard. Le second a plus de rythme. Le troisième est trop téléphoné (au sens premier).

Lui, joue bien. Il habite avec conviction un personnage prisonnier de ses raisonnements, conscient de s'enfoncer un peu plus à chaque réplique mais qui ne peut s'empêcher de précipiter sa (leur) perte.

Son personnage déséquilibre la pièce à force d'être présent, à force de s'acharner sur elle, qui ne lui a rien fait. Pour rétablir l'équilibre, il aurait peut-être fallu qu'elle nous donne une raison de croire à sa jalousie[1].

Elle, est appliquée. Sa diction est parfaite. Ses phrases sont très bien lancées. On dirait un texte appris par coeur. Et cela fait ressortir le manque de naturel de certaines répliques. On les sent "écrites" et non pas "dites", c'est dommage car l'ensemble est plutôt bien tourné.

Au début, son personnage, à elle, évite la conversation ; cette attitude défensive fait apparaître injuste sa jalousie, à lui. Et ce n'est qu'à la fin du second acte (donc très tard dans la pièce) qu'elle nous en livre sa lecture, et qu'elle le démolit.

(Une interrogation : qu'apporte le mexicain cannibale à cette pièce ?)

Tout ceci ayant été écrit -et lu-, ne vous méprenez pas, cher Lecteur, ce fut une très bonne soirée. La pièce en deux mots : agréable et lisse.

De Fabrice Roger-Lacan, mis en scène par Isabelle Nanty, avec Virginie Ledoyen et Arié Elmaleh, au Théâtre Hebertot.

Notes

[1] Tu es fan de tous ces livres depuis que tu as 14 ans et c'est un séducteur né, c'est un peu léger...