Dans une semaine, on vote. Vous conviendrez donc de l'actualité et de l'intérêt d'un tel sujet pour la rédac' du mois. Cependant, si la politique m'intéresse fortement, je crains fort d'en disserter avec bien moins de style que d'autres... Voici deux billets (1 et 2) que j'aurais aimé pouvoir écrire pour cette rubrique. Ceci étant, place à ma modeste -et néanmoins double- contribution.

Chasse ouverte

Tous les soirs, ils sont à l'affût, à l'entrée du métro Mairie d'Issy. A cette heure ci, les proies sont fatiguées par leurs journées laborieuses. A cet endroit là, les proies ne manquent pas, qui accomplissent leur tardive transhumance vers leurs terriers-nids.

Ils sont le plus souvent trois, mais parfois des originaux les rejoignent, à pratiquer une chasse statistique sinon systématique : tout en lançant leur cris de guerre (le programme de Ségolène, votez Sarkozy, les propositions de François Bayrou), ils essaient de refiler leurs tracts à des quidams désintéressés.

Dans cette chasse, tout est affaire d'ordre[1]. Le premier tract gagne le plus souvent car l'innocente proie se lasse facilement et n'en accepte généralement qu'un seul.

Ainsi le chasseur-militant cherche à se placer stratégiquement. Soit en amont du flot de voyageurs. Il avance donc, à une vitesse qu'il veut imperceptible (fair play oblige) pour se placer devant ses concurrents. Lesquels bien évidemment ne se laissent pas faire et se déplacent aussi.

Il en résulte que le groupe tractant s'éloigne petit à petit de la bouche de métro. Et laisse ainsi un espace de plus en plus grand qui permet aux proies d'échapper à la meute. Régulièrement, notre groupe militant fait donc marche arrière pour se recoller à l'entrée du métro.

C'est le cycle d'alternance politique le plus court que l'on puisse observer.

Un citoyen averti en vaut deux

Cette année, je compte double.

Une amie -appelons-là Estelle pour plus de commodité- avait prévu d'utiliser le week-end à rallonge du 8 mai pour partir en villégiature. Cependant, son instinct citoyen la travaillait[2]. Estelle décida donc de voter par procuration.

Nous en avons discuté. Nos vues politiques sont assez proches et la procuration ne sera valide que pour le second tour, ce qui simplifie. Mais tout de même, une procuration n'est pas une mince affaire.

D'un côté l'absent accorde une confiance totale, puisqu'il n'y a aucun moyen de contrôle. De l'autre le procurant peut se retrouver avec une consigne de vote en désacord avec ses convictions. Comment réagir face à quelqu'un qui demande que l'on vote pour une extrème (ou l'autre) ?

... A voté.

Notes

[1] Qui a dit juste ?

[2] Voter nuit gravement aux idées extrèmes !