Pour entrer là où je travaille, il faut franchir un sas. Pour ouvrir le sas, il faut s'identifier. Pour s'identifier, il faut un badge magnétique. Partant du principe qu'un badge magnétique est facile à voler -ou, pour le moins, plus facile à voler qu'une empreinte digitale ou tout autre moyen de reconnaissance biométrique- des vigiles vérifient les photos sur les badges.

Ils ont des costumes de vigiles (sombres), des talkies-walkies de vigiles (à oreillette) et des carrures de vigiles (larges). Ils ont un air grave quand ils souhaitent le bonjour, interceptent ceux qui ne montrent pas leur badge et fouillent les sacs des visiteurs. Bref, ils font leur boulot de vigile.

Ce matin, devant l'entrée, il y avait aussi une maman de vigile. Alors mon grand, tu n'oublies pas hein, tu dis à Caroline de passer prendre les clés au travail de papa et de me les amener ensuite pour que je puisse rentrer.... Le grand en question était un noir de deux mètres et d'un peu moins de trente ans -oui maman, pas de problème, j'y pense...- partagé entre la nécessité de mettre un terme à cette discussion et la crainte de brusquer sa maman. Il aurait tout donné pour disparaître.

Le vigile d'à côté était impressionnant de sérieux[1], il surveillait la scène en silence sans même sourire. Le troisième semblait un peu perturbé, il avait visiblement l'intention de demander son badge à la petite dame moitié mais plus par conscience professionnelle que par compassion pour son collègue.

Notes

[1] C'est peut-être parce qu'il avait une oreillette qu'il ne décrochait pas.