J'ai commencé à écrire un billet sur le secret de Brokeback Mountain qui commençait ainsi :

Hier soir, j'ai vu le secret de Brokeback Mountain. J'ai beaucoup aimé.

Ensuite, j'ai baissé la tête et regardé mes pieds pendant quelques minutes. Si j'avais eu mon chapeau (idéalement, si j'avais eu un Stetson), je me le serais enfoncé sur le crâne et me serais caché les yeux. Pendant quelques minutes, j'ai regardé par la fenêtre tout en me demandant comment faire pour marmoner via un ordinateur. Finalement je me suis décidé à reprendre le clavier.

La fin du film est belle.

Le chauffage de mon bureau s'est éteint. Seul le ronronnement de l'ordinateur troublait désormais le silence. J'ai regardé le gobelet en plastique sur mon bureau. Il était renversé depuis des heures mais pourtant j'ai été soulagé de le voir vide. Mon regard s'est promené dans le reste de la pièce. Une pile de gros classeurs rouge menaçait de tomber. Depuis des mois. Je ne m'y attardais pas.

Mais triste.

Cette semaine, je suis seul dans mon bureau. Personne à qui parler. Pas besoin de chapeau. Il me suffit de regarder par la fenêtre. Ma fenêtre donne sous une immense verrière. Un peu plus bas, il a une pyramide en verre et quelques plantes qui se prennent pour les palmiers.

Les acteurs sont bons.

J'ai hésité à regarder sur IMDB. Je suis certain d'avoir déjà vu la femme de Jack dans un autre film. Ca me reviendra peut-être à l'occasion. Le jeu minimaliste de Jake-Jack est bien mieux employé à Brokeback que dans la bibliothèque de Manhattan. Le téléphone a sonné. La réunion est reportée à demain. En raccrochant, j'ai jeté un coup d'oeil par la fenêtre. Il fait nuit. La verrière s'illumine.

J'aime les films qui prennent leur temps.

Les batteries de mon lecteur mp3 se chargent. Elles ne seront pas pleines quand je reprendrai le métro. Il va bientôt être l'heure de partir. Quand j'aurai fini ce billet, j'éteins le pécé.

Et les silences.

A la fin du film, j'avais les larmes aux yeux.