Une année durant, l'auteure, carnet de notes à la main, a suivi N. S. Le résultat est un portrait / reportage / roman / essai / chronique philosophico-sociologico-littéraire.

L'ambition cumulative nourrit ici un fourre-tout fouilli, peu approfondi.

Style étrange, l'opus est une succession d'anecdotes -dont les dimensions paragraphesques s'adaptent idéalement à une lecture dans le métropolitain- qui n'ont de liant qu'une chronologie et des personnages récurrents. Yasmina visait un dépouillement (pour souligner sa neutralité ?), mais cette platitude lasse. Dès la dixième page. Dans une construction similaire, Valérie Mréjen était bien plus efficace avec son agrume.

Ne vous attendez à aucune révélation sur notre nouveau président. Quelques remarques et coups de gueule amuseront, le reste laissera indifférent, la faute à Yasmina qui, trop collée à son sujet (et souvent à elle-même) manque de perspective[1]. En une phrase, le message essentiel : les gens se trompent tous sur N. S. mais comme ils ne vivent pas près de lui, ils ne peuvent pas le comprendre ; Yasmina est une des happy few, elle, a compris, mais elle ne dira rien.

Effet de mode. Si quelqu'un vous dit qu'il a aimé le dernier Réza, soyez certain qu'il ne l'a pas lu...

Retournons lire Sénèque. Serge m'a dit "chef d'oeuvre !".

Notes

[1] Comme dirait Anton Ego. Mais si, Anton Ego, le critique gastronomique-vampire de Ratatouille...