Tout a commencé en janvier 2002, sur le Charles-de-Gaulle, lorsque le maitre principal le Garsmeur m'a donné un paquet en provenance de Clermont-Ferrand qui avait transité par Djibouti pour atterir aponter au beau milieu de l'Océan Indien.

Cadeau de Noël de l'ami Pierre, inattendu, d'autant plus qu'en retard (mais qu'importait), le paquet contenait un petit mot, un carton-à-mettre-en-dessous-des-verres-à-Beamish, une sorte d'extraterrestre en matière gluante et collante, un snickers -qui avait modérément apprécié le voyage- et Harry Potter à l'école des sorciers, un livre pour gosses ! C'était déjà un phénomène avant mon apareillage mais j'avais superbement ignoré le bruit. Vous pensez, un livre pour gosses !

Cependant, sur un bateau, isolement et éloignement obligent, la tolérance augmente. Tolkien fini, j'attaquai donc Rowling. Et en un quart à peine[1], le livre fut avalé. Puis, à peine fini, j'empruntai Harry Potter and the Philosopher's Stone, le même en anglais, dévoré à la même vitesse.

Depuis, j'accompagne le petit sorcier dans chacune de ses aventures. Les déjà publiées furent croquées dès mon retour en métropole et j'achetais les nouveaux opus au fur et à mesure de leur publication. Fan ? Oui. A quel point ? Au point d'acheter chaque nouveau tome dans le mois suivant sa sortie. Mais pas fan au point d'encenser la série envers et contre tout.

Ainsi, je n'ai pas aimé Harry Potter and the Half-Blood Prince. Cinq cent cinquante pages inintéressantes (histoire de coeur de gamins et paranoïa agressive du héros envers un Malfoy qui -pour une fois- n'y est pour rien) suivies de cinquante pages précipitées. Un bouquin dont j'ai même oublié une partie de l'histoire.

Bref, j'attendais Harry Potter and the Deathly Hallows, mais sans plus. Concours de circonstance, je prenais l'avion dimanche à l'aéroport Charles de Gaulle. Parfaite occasion de boucler la boucle élégamment.

Ainsi donc, dimanche matin, j'ai foncé dans la première librairie ouverte.

...

Rien à voir avec le précédent : ce tome-ci vibre, émeut, attriste, amuse, tend, soulage, enrage... L'intrigue est bien ficelée, une fois encore les pièces du puzzle sont disséminées ça et là et l'explication vient à la fin[2]. Les personnages (et pas seulement Harry) gagnent en profondeur : non seulement leur caractère se dévoile mais leur passé se précise[3]... Ce tome-là évacue une de mes plus grandes frustrations d'HP6[4] et finit joliment la série.

Un signe qui ne trompe pas, je n'ai fermé le bouquin qu'à deux reprises : tout d'abord à l'aterrissage, après six heures de lecture, puis le lendemain lorsque je l'ai fini, à quatre heures du matin.

Deux (petits) regrets tout de même.

1) la vue trop centrée sur Harry. Il se passe tant de choses dans ce tome loin d'Harry et elles ne sont qu'esquissées. Dommage, ç'aurait permis d'éviter les passages mous vers le milieu[5].

2) la forme de l'épilogue. Dix-neuf ans ont passé et seules quatre petites pages nous expliquent ce qu'ils sont devenus, il y avait tant de matière sur l'évolution de nos héros et du monde des magiciens.

Si vous avez aimé les précédents HP, vous passerez un très bon moment avec HPatDH. Ensuite seulement, vous regretterez que la fin soit déjà là... Avec le temps, Harry et ses romans ont mûri. L'exploration du monde des magiciens a peu à peu été remplacée par des scènes plus profondes où les personnages s'interrogent sur leur vie, voire plus sombres où certains meurent, ou d'autres révèlent leurs doutes, leurs peurs, leur cruauté. Le merveilleux reste mais le monde d'Harry est loin d'être rose. HP7 est-il encore un livre pour enfants ?

Fin de série, mélancolie.

Allez, pour rester dans l'ambiance, je file au cinéma !

Notes

[1] C'était un rythme un peu particulier : 8h de travail, 4h de repos, 4h de travail, 8h de repos.

[2] Ce n'est pas un whodunnit, c'est un howtodoit.

[3] Gare aux surprises ! (Grrr, c'est dur de ne rien révéler)

[4] Inflexible, pas de spoiler.

[5] Car une fois encore, JKR a voulu que son bouquin couvre une année scolaire entière, il faut donc un peu meubler.