En 2001, HPatSS posait les bases (-You're a wizard, Harry. -A what?) de notre histoire et du monde des magiciens. Chris Colombus s'était évertué à filmer tout absolument tout ce qui se trouvait dans le livre. Résultat : une accumulation de saynettes et de plans effet-spécialisés, une visite guidée d'Hogwarth au détriment de l'intrigue principale. Ajoutons au tableau des gamins[1] qui découvrent le métier d'acteur heureusement soutenus par des adultes de haut vol (Alan Rickman, parfait en Snape). Essuyage de platre. Enorme succès !

En 2002, avec HPatCoS, nous entamions les choses sérieuses : début de la magie noire et rencontre avec You-know-Who. Le film, toujours par Chris Colombus restait très proche du roman mais était bien plus fluide que le premier. Effets spéciaux impeccables. Kenneth Brannagh hilarant en Gilderoy.

En 2004, un nouveau réalisateur (Alfonso Cuaron, cf. Children of Men) s'occupait de HPatPoA. Il osait s'éloigner un peu des livres -trop denses pour être directement transposés en films- et boulversait profondément la géographie Hogwarthienne (ah le pont, oh l'horloge, ouah la cour intérieure). Plus important, il ne considérait plus les éléments magiques (sorts, créatures, tableaux...) du monde d'Harry comme le centre d'intérêt de plans ou de scènes entières mais au contraire les introduisait discrètement, comme des détails, en toile de fond. Ainsi, le monde des magiciens cessait d'être un univers parallèle, pour devenir crédible... Les acteurs plus vieux ne "faisaient" plus leur âge mais leurs personnages commençaient à avoir de la profondeur.

En 2005, malgré la réussite du n°3, nouveau changement de réalisateur : Mike Newell (celui de Quatre mariages et un enterrement) s'attaque à HPatGoF. L'ambiance en profite pour s'assombrir, saluant le retour de You-Know-Who. Effets spéciaux et décors grandioses. Acteurs qui jouent mieux. A revoir, car pour l'instant mon souvenir le plus précis, c'est que l'affiche ressemblait à une pub pour adidas.

En 2007, David Yates reprend la barre pour HPatOotP. Vu hier.

Pour entrer dans l'univers féérique d'Harry, il suffit d'entendre le petit thème de John Williams. En quelques secondes on se souvient des merveilles d'Hogwarth, des sorts amusants, des parties de Quidditch et des aventures du gamin et de ses amis. Bref, on se souvient d'un monde bisounours. Mais, cette fois-ci, You-Know-Who est de retour. Ambiance dérangeante en perspective...

Avec le film, le coté obscur d'Harry se développe peu à peu. Les cauchemars et visions de You-Know-Who donnent lieu à quelques effets de film à suspens, plutôt réussis. Daniel Radcliffe joue mieux et son Harry gagne un peu de profondeur mais hélàs cela se double d'une augmentation de sa paranoïa et son colérisme -défauts du roman, préfigurant ce qui m'a éloigné d'Harry Potter and the Half-Blood Prince.

L'adaptation est... étrange. Le scénario prend beaucoup de libertés avec l'histoire (la trahison de Cho, la révélation de la prophétie...). Il faut avoir lu le bouquin pour comprendre tout l'enjeu de l'affrontement final -voire pour simplement comprendre le film.

Evidemment, faire deux heures de pellicule à partir d'un pavé de sept-cent pages n'est pas une mince affaire. Il faut choisir. Mais je crains que Yates ne se soit trompé en décidant de rester collé à Harry. Le monde magique que Cuaron avait rendu si vivant a presque disparu. Les intrigues secondaires -ce qui fait le charme de l'univers d'HP- et les seconds rôles sont complètement négligés. Dumbledore, Tonks, Lupin, Kinglsey, Moody, Sirius, Bellatrix, Malfoy, Trelawney, Mc Gonagall et surtout Snape[2] n'ont que quelques apparitions, dommage. Presque rien n'est dit sur l'ordre du Phoenix (et pourtant c'est le titre du film) et on n'en sait pas beaucoup plus sur l'armée de Dumbeldore -il me semble que le nom Dumbeldore's Army n'est prononcé que par Umbridge à la toute fin. Par contre pas de regret pour la mise à l'écart de l'intrigue romanito-Cho (n'apporte rien à l'histoire). A noter, deux nouvelles : Luna Lovegood, parfaitement lunaire sans tomber dans le crétininisme[3] et Dolores Umbridge, parfaitement détestable et délicieusement ridicule avec ses assiettes miaulantes accorchées dans son bureau.

Au début du film, les effets spéciaux sont convoqués avec parcimonie. Pas d'étalage, rien que le nécessaire. L'affrontement final au ministère de la magie, par contre, est stupéfiant. Enfin on nous montre de la vraie magie. Mais tout scotché que l'on est, on en oublierait presque l'invraissemblance de cette bataille. Ainsi, lorsque le gosses se battent contre les Death Eaters, de simples Expeliarmus et Stupefy suffisent mais dès que les Aurors débarquent, le niveau de magie (même celui des méchants) augmente d'un cran[4]. Curieux.

Enfin, c'est dommage de poser des règles et de ne pas jouer avec. C'est un défaut récurrent des bouquins de JKR (et par conséquent des films) et je rejoins Megan McArdle (trouvé via éconoclaste) lorsqu'elle critique cette non cohérence. Dans HPatOotP, cela se traduit notamment par l'apprentissage des Patronus par tous les gosses de la Dumbledore's Army (alors que dans l'épisode précédent, c'est un exploit pour Harry).

Au final, vous trouverez certainement que cette note contient beaucoup de critiques pour un seul film. Mais soyez rassuré, cher Lecteur, les deux heures dix-huit minutes passent très vite.

Je concluerais volontiers d'un enthousiaste Vivement la suite ! si je ne craignais de voir Harry Potter and the Half-Blood Prince classé "film romantico-ado" voire "film d'horreur pour adolescents". Wait and see. En attendant, on peut toujours relire les bouquins...

Notes

[1] Dont un Harry trop sagement peigné et aux yeux marrons.

[2] Snape, que diable, le meilleur acteur de la bande !

[3] N'a-t-elle pas des lunettes dans les bouquins ?

[4] J'ai une autre théorie à ce sujet. En fait les super magiciens (Dumbledore et Voldemort) lancent les même sorts que les gosses mais ils ajoutent des effets visuels, pour justifier leur rang. C'est vrai qu'une pluie de flammes -pour accompagner un petit sort qui éjecte la baguette de l'autre- ça en jette un max !