Ne le dis à personne
Par Bertrand Ytournel le jeudi, 2 novembre 2006, 12:37 - critique - Lien permanent
Hier soir, au Gaumont Convention, pour présenter son film, il y avait Guillaume Canet. Il a dit qu'il était content. Cette sortie, c'était l'aboutissement de deux ans de travail. Il a aussi dit qu'il était très fier de son film. Tous les acteurs et techniciens s'étaient donnés à fond et le film était vraiment ce qu'il espérait. Puis il nous a souhaité une bonne séance.
Dans un thriller américain, il y a des rebondissements, de l'action, du suspens, de la tension... Il y a tout cela dans Ne le dis à personne -et même si on devine Guillaume fan de l'école outre atlantique, il y a quelque chose en plus dans son film.
Le scénario -une adaptation de Tell No One d'Harlan Coben- est bien ficelé : une bonne dose de rebondissements, des flashbacks explicatifs, des secrets cachés qui ressurgissent. Bref, le terreau est bon. (En dire plus sur l'histoire serait un crime...)
Chapitre action, on n'atteint pas le pan pan boum pan baoum des films américains -pas d'explosion, pas de fusillade. Néanmoins, quelques coups de feu et une course poursuite d'enfer -en courant, ça change des voitures- dans les rues de Paris et sur le périph'. A la surenchère musclée, Ne le dis à personne, préfère jouer la carte de la tension. C'est un thriller cocotte-minute qui prend son temps : de longs silences, des plans serrés sur les comédiens et des scènes très fortes de face à face[1].
Guillaume avait raison, les acteurs portent le film, on les sent impliqués. Cluzet est impressionnant en amoureux désepéré, qui subit les évènements et essaie de comprendre ce qui lui arrive. Les seconds rôles -Berléand, Baye, Rochefort, Scott-Thomas, Croze[2], Lellouche, Canet (du beau monde !)- sont tous très bien employés.
Un mot sur la musique. M est impeccable, léger, sobre : des riffs de guitare électrique, souvent bluesy, parfois un peu excité. De l'impro enregistrée. Elle colle parfaitement au film.
Juste avant la projection, Guillaume avait aussi dit que si on aimait, il fallait le dire à tout le monde. Dont acte. Ne le dis à personne, il faut le dire à tout le monde, c'est vraiment très très bien. J'ai beau chercher je ne me souviens d'aucun thriller français ayant cette classe.
Commentaires
Une question m'interroge :
s'il a dit à tout le monde de dire ne le dis à personne à tout le monde, est-ce que le tout le monde connu de tout le monde ne le dira pas à personne ?
Et si une personne du monde susdit l'a dit à une autre personne du monde susmentionné, l'a-t-il dit à personne ou à tout le monde ?
Je suis tout confusé.
Dire à personne de le dire à tout le monde c'est pas efficace du tout. Par contre dire ne le dis à personne à tout le monde ne présente pas de problème du second ordre puisque tout le monde aura été prévenu au premier ordre. Bon évidemment, la difficulté est de le dire -justement- à tout le monde d'un seul coup. D'où le blog.
Un pénible linguiste ajouterait qu'un blog ce n'est pas dire à tout le monde ne le dis à personne mais bien écrire à tout le monde ne le dis à personne. Quoiqu'il y ait bien la solution du podcast...
Un autre pénible statisticien ne manquerait pas de rétorquer qu'un blog ne touche pas tout le monde et -s'il est mesquin- surtout pas le mien (ou le tien selon que le le cite à la première ou à la deuxième personne). Alors là, j'implore la bonne foi, j'ai fait ce que j'ai pu.