Le pitch (No order, no rules, no law) était alléchant. La bande annonce était plutôt réussie. Musique sympa et rythmée. Images fortes. Elle donnait envie d'aller voir le film. Mais -attention !- elle mentait. Qu'on se le dise, les fans de thriller pan pan boum boum paf vont être déçus. Car ce film est une histoire d'amour.

En fait, plusieurs histoires d'amour. La première qui saute aux yeux, c'est Michael Mann qui aime filmer de belles choses. Par belles chose, on entend : voiture, avion, bateau, forêt, mer, chute d'eau, ville, jeu de lumière, corps, animaux[1]... Le récit n'est parfois qu'un simple prétexte pour pointer l'objectif sur quelque chose de beau. Quelques plans à la ushuaïa parsèment le film. C'est reposant. Quelques scènes de vitesse (avion, voiture, bateau), c'est dynamisant. Une histoire d'ambiance.

La seconde histoire d'amour, celle du scénario, c'est Colin Farrell[2] qui tombe amoureux de Gong Li (et réciproquement). Un flic infiltré et une trafiquante de drogue. Voilà qui ne manque pas de piment. Et qui est fort bien filmé. Leur histoire a tellement peu d'avenir qu'elle en deviendrait presque shakespearienne. C'est agréable et dérangeant. Une histoire d'ambiance, vous dis-je.

Dans Miami vice, l'intrigue est annexe. Elle crée juste un lien entre différentes scènes, différentes ambiances. Il y a de l'angoisse, de la peur, de la tension, de l'appréhension, de l'amour, de l'émotion, de la peine, du dégout, très peu de joie. Les dialogues sont légers. Simples. Les acteurs sont bons. La musique est un élément du décor.

L'environnement a presque le statut de personnage. Le monde est accueillant, heureux et l'instant d'après cruel et violent. La ville est tantôt brulante, tantôt glacée. Les personnages jouent dans un monde qui les entraine impitoyablement. Time is luck répète Isabella qui sait qu'elle ne maîtrise rien. Les flics et les mafieux jouent -comme dans Heat- car ils n'ont que ça...

L'image est belle. Elle est travaillée, peaufinée même. Miami a été entièrement tourné en numérique HD. Mais pas le numérique parfaitement lisse de Star Wars. Ce numérique là a du grain. Il est crade. On se croirait presque face à des photographies d'un autre âge. Mais en couleur et qui bougent. Certaines lumières ressortent. Du bleu surtout. Mais pas le bleu filtre qu'avait utilisé Soderbergh pour la moitié américaine de Traffic, non, un bleu à la source. Un éclairage bleu. Mann aime la nuit. Mann film la ville la nuit. Il a raison, c'est là qu'elle est la plus belle...

Les scènes d'action -deux, à la toute fin- sont époustoufflantes. Fusillades filmées de très très près. Les protagonistes ont peur, tirent dans le vide, et meurent violemment. Les armes font de vrais bruit d'arme[3]. Des bruits sourds qui résonnent. Les balles ricochent, explosent.

Excellente surprise, Miami vice est un très bon film, je le recommande chaudement. Cette après-midi, j'ai craqué pour la BO. Et je pars à la recherche d'un DVD de Heat...

Notes

[1] Il a refait le coup de Collateral : le loup qui traverse le champ. Comme ça.

[2] Sonny Crockett (quel nom !) ne boit que des mojitos, il a bien raison.

[3] N'oublions pas que, fût un temps, je faisais partie de l'armée française... Et que, partant, je sais distingueur à l'oreille un famas d'une carabine à plomb.