Nous partîmes de Lyon un peu après dix heures trente. Avec un peu plus de trente minutes de retard sur les prévisions mais un solide petit dèj' dans l'estomac. Autoroute puis route de montagne, avec deux déviations et l'indoublable camping-car qui se traîne dans les lacets, sous la pluie. Un instant, nous avons pensé à l'acharnement d'une force occulte.

Arrivés à Chamonix, nous nous dirigeâmes vers l'office de tourisme d'où nous sortîmes avec une carte des sentiers de randonnée, la liste des campings et le bulletin météo. Pluie aujourd'hui. Pluie le lendemain, mais moins. Pluie le jour d'après, encore moins. Dimanche correct. Lundi beau temps. Bon.

Le camping les marmottes[1] est situé un peu à l'extérieur de Chamonix, en face du glacier des Bossons. Enfin, par beau temps, on voit le glacier des Bossons. Nous choisîmes un emplacement pas loin de l'Arve, un peu abrité par des arbres.

Le montage d'une tente est une opération délicate par temps de pluie. Le double toit n'est pas opérationnel pendant quelques instants... Or là il pleuvait beaucoup. Nous attendîmes patiemment une accalmie dans la voiture. La pluie cessa, nous déballâmes. Au bout de quelques secondes, il se mit à pleuvoir à verse. Evidemment. Et il était trop tard pour ranger... Le montage d'une tente sous la pluie est ce genre d'expérience qui permet à la fois de tester la commodité du montage, l'étanchéité d'un tissu et la solidité d'un couple.

Pour la commodité du montage, notre tente présente deux petits pièges : 1) il faut attacher le double toit à la chambre, on risque alors de boutonner lundi avec mardi ; 2) il y a trois arceaux de deux longueurs différentes, en échanger deux peut conduire à une malformation tentaire. Un minimum d'attention permet un montage rapide et sans souci.

L’imperméabilité d’un tissu est mesurée en schmerbers. La toile est tendue sous un cylindre de 10 cm² de surface et rempli d’eau. Le schmerber indique la hauteur d’eau (en millimètres) au-delà de laquelle le tissu devient poreux. La tente en question vaut 1500 schmerbers. Comme elle resta sèche, on peut en conclure que la pluie du jour ne valait pas une immersion sous un mètre cinquante d'eau.

Une fois la tente montée, nous retournâmes en ville. Il pleuvait des chats et des chiens, nous n'allions pas attaquer le Mont Blanc. Alors on s'est vengé en shopping. Et le soir en raclette.

Quand j'étais petit, mon papa me lisait trois hommes dans un bateau les soirs sous la tente. Je l'ai lu à S. la dernière fois que nous campâmes. Cette fois-ci, ce fut Harry Potter à l'école des sorciers. La nuit fut quasi blanche et pluvieuse. Et l'inévitable instant toilette coïncida avec la plus forte averse, salaud de Murphy.

La suite au prochain épisode.

Notes

[1] Ce ne fut pas un choix hasardeux, mais un retour aux sources.