Il y a des films que l'on aime avant même de les avoir vus. En mai 1997, Fun radio avait mis tous ses programmes à l'heure du XXIIIème siècle. Et chaque jour qui passait me donnait un peu plus envie d'aller voir le cinquième élément. La bande annonce -vue quelques semaines plus tôt- m'avait déjà copieusement alléchée. Pas de dialogue, rien que de la musique et un montage nerveux.

Bravant la foule, j'y suis donc allé -avec Laurent et Pierre- le jour de la sortie à la deuxième séance. En revenant, dans le bus 13, j'étais dithyrambique. C'était le meilleur film jamais réalisé. L'univers était génial. C'était un parfait mélange d'aventure, d'humour et de romance. Le montage était novateur -les personnages dans différents plans semblaient se répondre- et les effets spéciaux chouettes. En plus la musique était top.

De l'eau a coulé sous les ponts -permettant d'admirer de splendides allées de Karmann- et dans les éviers -où l'on peut voir de jolis ressauts hydrauliques. Le cycle de l'eau a tourné. Bref, du temps a passé et mon enthousiasme cinquième-élémentesque est retombé, ce n'est pas le meilleur film du monde[1], mais c'est toujours un de mes préférés.

Il y a des films que l'on aime avant même de les avoir vus. Pirates of the Carribean - Dead Man's Chest en fait partie. Evidemment, j'en ai déjà tellement parlé (ici, et encore ). La pause technique lyonnaise de mercredi aura donc servi à ça...

Osons une comparaison osée. Pirates... et La Momie. La Momie était un blockbuster estival d'apparence tout à fait honnête. On aurait pu penser à un Indy du pauvre, un bon film nul... Sauf que Stephen Sommers -le réalisateur scénariste dialoguiste décorateur maquilleur- a pris le parti d'en faire un film comique[2], bien aidé par des acteurs crédibles (Brendan Fraser, Rachel Weisz, John Hannah). Ca vous rappelle quelque chose ? Et oui, Pirates... était aussi un blockbuster estival servi par de bons acteurs. Et Gore Verbinski n'a jamais pris son film au sérieux. Grâce à un génial Johnny Depp, Pirates... s'est transformé en excellent film...

Stephen Sommers a eu le même problème que Verbinski : le succès. On lui a commandé une suite : Le retour de la Momie. Sans atteindre le niveau du premier, la suite valait le détour. De ce film on retiendra qu'au début, on présente un grand méchant -le roi Scorpion- que l'on oublie ensuite pendant tout le film[3]. On retiendra aussi que Sommers a su garder le ton du premier. Le piège était de se contenter d'étaler les effets spéciaux. Il l'a un peu fait car il était obligé de justifier un budget supérieur, mais il en a rajouté dans le côté délirant, mention spéciale au mini-momies...

Et Jacques Moineau, dans tout ça ? J'y viens. Pirates..., c'est l'histoire d'un type qui ferait n'importe quoi pour récupérer son bateau. Pirates 2..., c'est l'histoire d'un type qui ferait n'importe quoi pour le garder. Pirates 2..., c'est aussi l'histoire d'un acteur génial qui -pour la première fois- accepte de jouer dans une suite, parce qu'on lui a donné toute liberté pour créer un personnage génial. Pirates 2..., c'est aussi l'histoire d'un réalisateur à qui on a prêté de bons acteurs et à qui on a signé un chèque en blanc à l'ordre d'ILM. Pirates 2..., c'est enfin l'histoire des p'tits gars d'ILM qui s'amusent comme des fous à effet spécialiser la moindre image.

En vrac. Dans Pirates 2..., il y a plus d'effets spéciaux (peut-être un chouia trop de numérique, j'aurais bien aimé voir quelques maquillages à l'ancienne chez les pirates de Davey Jones). Pirates 2... n'offre plus l'effet de surprise du premier. Pas grave, comme dirait ma grand-mère, quand c'est beau, ça dure. Pirates 2 a gardé le ton du premier : beaucoup de décalage, quelques répliques savoureuses et Johnny Depp. Ah, Johnny Depp... P2 n'est pas un stand-alone[4]. A la fin, on ressent la frustration de l'empire contre-attaque -surtout si, comme S.- on ne savait pas qu'il y avait un troisième déjà tourné. Il va être dur d'attendre jusqu'en 2007... Dans P2, Keira a pris du galon tandis qu'Orlando est un peu en retrait... P2 est peut-être un peu long. Aurait-il fallu racourcir la scène chez les cannibales ? L'histoire de P2 est plaisante : les personnages évoluent, les manigances de Jack bien trouvées. Il y a bien quelques invraissemblances scénaristiques qui servent à rassembler les personnages. M'enfin dans un film avec des navires fantômes, des pieuvres géantes et un non dead monkey, s'occuper de probabilités relève du chipotage...

Il y a des films que l'on aime avant même de les avoir vus. Pirates of the Carribean - Dead Man's Chest en fait partie. Et c'est aussi un film que l'on aime après l'avoir vu... Yohoo et une bouteille de rhum !

Notes

[1] Puisqu'il s'agit d'Indiana Jones et la dernière croisade.

[2] L'illusion du film d'aventure tenait jusqu'au moment où Brendan Fraser -épatant- chameauchait dans le désert. Avec le gardien du temple qui disait : celui-là, il est fort.

[3] Mais les fans de The Rock -il y en a sûrement- ont été rassurés par la sortie du film le rois scorpion un peu plus tard. Tiens, tant qu'on parle de The Rock, il était vraiment super drôle en garde du corps gay dans Be cool...

[4] Un peu artificiellement d'ailleurs, à quelques minutes près, ç'aurait pu être une suite autosuffisante.