Du coup, hier soir, je suis allé voir Superman returns. Je ne m'attendais pas à un chef d'oeuvre, mais à un bon film nul. Je pensais passer un agréable moment...

Dès le générique, ça sent le film nul. C'est long et pompeux. Au passage, on capte les noms de Bryan Singer -le réalisateur, connu pour Usual suspects et les deux premiers X-men-, Mark Stetson -qui avait fait les effets spéciaux du cinquième élément- et Kevin Spacey. Tous les autres sont de parfaits inconnus.

Premières images, le chauve Lex Luthor -c'est le méchant- arnaque une vieille qui se meurt. On comprend qu'il vient de sortir de prison. Ensuite, nous voilà chez les Kent. La maman voit tomber une météorite. On s'imagine que c'est le (super)bébé qui débarque. Et en fait c'est bien le fiston mais il est déjà grand. Et il est de retour. Il était donc parti. Images suivantes, c'est Clark jeune qui gambade dans les champs et qui découvre qu'il peut voler. Puis, Clark -adulte- débarque au Daily Planet.

Un peu perdus ? Reprenons. Superman returns commence par le retour de Superman qui était parti visiter l'espâââce. Le court flashback n'est là que pour embrouiller. Cinq ans d'absence : Loïs n'est pas loin de se marier et a fait un gosse. Du coup SuperClark est tout remué. A tel point qu'il ne parle pratiquement pas pendant tout le film. Dès que la caméra pointe dans sa direction, Brandon Routh prend une pose à la mannequin de chez Calvin Klein. Ah ça, on a le temps de l'observer. D'ailleurs, tout au long du film (et il est long le film), je me suis demandé s'il avait vraiment les yeux aussi bleu ou si le type des effets spéciaux avait fait des miracles...

Enfin, je m'égare. Clark est toujours amoureux de Loïs qui aime Superman qui l'a déçue. Quand Clark regarde Loïs, c'est une scène intense. Larmoyante. Pas besoin de parler, les regards en disent tellement plus. Quand Loïs regarde Superman, c'est une scène intense. Larmoyante. Pas besoin de parler, les regards en disent tellement plus. Du coup, il n'y a pas énormément de dialogues dans ce film. On a le temps d'apprécier la légerté pachydermique de la musique.

Bon, passons à l'intrigue (ce paragraphe révèle l'intrigue, mais rien de grave, hein, parce qu'il ne se passe pas grand chose dans le film). Lex est allé au pôle sud, dans la Super-résidence secondaire de l'autre et a piqué des cristaux qui grandissent quand on les mouille. Il compte les semer au large des Etats-Unis pour devenir riche. Si. Parce que les cristaux en poussant vont créer un nouveau continent. Du coup, le niveau de l'eau va monter (si. si.) et les US vont patauger. Lex qui sera le premier à avoir planté son drapeau sur le nouveau continent pourra vendre à prix d'or de l'espace pour les Américains... C'est une allégorie du réchauffement climatique -les films de superhéros sont toujours porteurs de messages forts (X-men : homosexualité ; Spiderman : adolescence ; Batman : folie de l'homme ; Hulk : vie zen...)- et une critique de la folie immobilière (crise du logement, tout ça). Voilà pour l'intrigue, ça c'est fait. Ah si, il y a aussi une petite histoire de kryptonite, mais trois fois rien.

Au niveau action, pas grand chose à se mettre sous la dent (enfin, dans les yeux). Non, la force de film, c'est la relation entre les personnages[1]. Enfin, c'est peut-être ce que s'est dit Singer. M'enfin là aussi, c'est raté. C'est plat, mou, mièvre. Et répétitif. Superman fait toujours le même regard à Loïs qui tremble de la lèvre toujours pareil. Oh la la.

Il y a des films de super héros qui marchent : Spiderman 1 & 2, Batman 1 & returns & begins, X-men 1 & 2. D'autres qui se plantent : Hulk, Batman 3 & 4, Catwoman, Daredevil, Hellboy. Pourquoi ? Réponse 1 : ça tient au superhéros himself. Faux, la preuve il y a du bon et du mauvais chez Batman. Réponse 2 : ça tient au comédien. Re-faux, George Clooney -je suis fan, au point d'avoir sa cafetière- n'a pas sauvé Batman & Robin. Réponse 3 : les effets spéciaux. Faux problème, ce ne sont que des outils au service du réalisateur. Réponse 4 : le réalisateur. Toujours pas : Singer a réussi X-men 1 & 2 et lamentablement planté Superman returns. Réponse facile : c'est un ensemble cohérent de facteurs complexes.



Pour faire un bon film de superhéros, il faut :

  1. Un bon personnage. Superman, il est trop fort. Vraiment trop. C'est dramatique pour les réalisateurs. Il peut déplacer une planête. Aucune balle ne lui fait mal, il est plus rapide qu'une fusée. Alors vous imaginez bien que si le seul méchant du film, c'est un humain chauve -et complètement crétin selon Singer- il ne va pas y avoir beaucoup d'action.
  2. Un scénario intéressant. Ce qui est sympa chez Superman, c'est pas tellement qu'il est superfort (cf. ci-dessus), c'est surtout qu'il est Clark. Et que son identité secrète pose toute sorte de problèmes... Là, on ne voit pas Clark.
  3. Un bon réalisateur. Sam Raimi a brillamment réussi ses Spidermans parce qu'il nous a montré un héros plus humain que super. Avec ses problèmes existentiels. Qui suis-je ? Où vais-je ? Où est Kirsten ?
  4. Un peu d'humour. Voire d'autodérision. Là encor Spiderman dans l'ascenceur, avec son costume qui gratte. Et ce Superman là se prend tellement au sérieux.
  5. Des effets spéciaux au service de l'histoire. Songeons aux Batmans de Tim Burton : l'ambiance gothique de Gotham City, les gadgets invraissemblables du Joker ou du Pingouin. Dans Superman returns les effets spéciaux sont beaux. Soit. Mais pas impressionnant. Imaginez un type en collant rouge qui porte une montagne de la taille de l'Evrest. Que voit-on ? Et oui, la montagne. Le type a beau avoir un collant rouge, on ne le voit pas. Alors ça n'est pas impressionnant du tout.
  6. Des acteurs raisonnablement bons, comme pour n'importe quel film. Là, c'est difficile à dire. Kevin Spacey joue un Lex un peu crétin. Brandon Routh est grandbeaufort aux yeux très bleu, il faudra attendre qu'il joue pour savoir s'il joue bien. Kate Bosworth est coiffée un peu n'importe comment. Ah, il y a aussi James Marsden en futur mari de Loïs (il jouait Cyclope dans les X-men).

Bilan rapide : ce film ne remplit aucune des conditions ci-dessus. Long, lent, inutile. 2h34 perdues. Nul. Genre Tomb raider. Et IMDB annonce une suite à cette daube...

Allez, il n'y a pas que des côtés négatifs. Deux scènes valent le détour -enfin, si j'étais vous j'attendrais qu'un ami dépensier me prète le DVD- :

  1. Dans la cave de Lex, il y a un train miniature géant, une ville entière (mais toute petite) avec des rails partout. C'est là que Lex teste son truc de méchant pour détruire le monde. Il en résulte une scène catastrophe miniature très amusante et bien plus distrayante que les scènes avec le type en collant.
  2. Il arrive l'inévitable moment où Loïs et le bambin sont prisonniers des méchants. Elle envoie le gosse jouer du piano pour éviter qu'il cède à la panique (et pour distraire le molosse). Le molosse (150kg, chauve avec un tatouage sur le crane) se rapproche du gosse, on se demande bien pourquoi. Il s'asseoit au piano et -contre toute attente-... se met à jouer. Ils jouent un morceau à quatre mains très joyeux, c'est délicieusement surréaliste...

Pour ceux qui veulent absolument du Superman, je recommande chaudement n'importe lequel des 82 épisodes de Loïs et Clark, les nouvelles aventures de Superman, bien plus agréables que ce blockbuster insipide. Teri Hatcher est délicieuse, Dean Cain a plus de second degré que Brandon Routh (bon, par contre, la production n'a pas payé assez John Shea pour qu'il se rase le crane) et les histoires sont moins niaises...

Notes

[1] Avec l'interrogation (toujours aucune révélation, on le voit venir gros comme une maison) : mais qui est le père du gosse de Loïs ?