Soit je vous fais part de tout le bien que je pense de ce spectacle et je vous condamne à la frustation. Soit je déforme, je descend en flèche, je dénigre et mon honnêteté en souffre. Dillemme insoluble.

Merci, c'est avant tout un texte de Daniel Pennac. Un monologue, le discours d'un type qui vient de recevoir un prix littéraire pour l'ensemble de son oeuvre et qui, donc, remercit les gens présents : jury, public, amis, famille. Le texte est très bien écrit, avec un subtil mélange d'humour et de poësie. C'est un spectacle que j'aurais aimé jouer.

Merci, c'est Daniel Pennac seul sur scène qui joue son texte, au théâtre du Rond Point -en passant, un mot sur la salle : grande et, ah non, j'ai dit un seul mot. Côté cour, les chaises vides des membres du jury. Côté jardin, une porte par laquelle entre François Morel. 1er avril oblige, c'est François Morel qui commence le spectacle. Vite remplacé par Pennac.

Pennac n'est pas vraiment un acteur, mais il dit son texte tel qu'il l'a écrit : avec beaucoup de précision. Chaque mot est important. Chaque silence est important. La forme est agréable. Le fond est réfléchi. Ce merci est une réflexion sur la création. Ca m'a rappelé Désoeuvré, une bande dessinée de Lewis Trondheim que je n'avais pas encore lue -mais que je viens de lire.

Lewis Trondheim s'est désoeuvré pendant 80 jours : il s'est forcé à ne pas dessiner. Et ça l'a déprimé. Désoeuvré, c'est l'histoire d'un type qui se demande pourquoi les auteurs de bande dessinée finissent toujours mal. C'est l'histoire d'un type qui se demande pourquoi il fait des bandes dessinées. C'est très bon, comme souvent.

Tiens voilà l'idée : vous ne pouvez pas aller voir Merci, qu'à cela ne tienne, lisez désoeuvré. Ca ne parle pas du tout de le même chose. Mais c'est la même idée.