Dimanche, le Capitaine Jacques Moineau, Sophie et moi étions dans le Clermont-Paris de 17h47. Entre Paris et Nevers, mais plus près de Nevers, le soleil a entrepris de se coucher.

Diffusion Rayleigh oblige, la lumière du couchant tire au rouge. C'est une affaire de pulsation d'ondes électromagnétiques à la puissance quatre. Il avait fait beau pendant la journée mais des altocumulus castellanus témoignaient d'une instabilité à caractère orageux en altitude. D'ailleurs un orage allait éclater dans la nuit.

La Loire est un fleuve long de 1 020 kilomètres, le plus long de France. Certains prétendent que l'Allier est plus long que la Loire, en amont de Nevers - ce serait donc la Loire l'affluent de l'Allier et la Loire devrait s'appeler l'Allier - mais ils reconnaissent qu'un changement exhaustif serait pénible. Près de Nevers, la Loire, donc, suit la voie ferrée, à babord. Elle crée un dioptre quasi parfait : la lumière s'y réfléchit selon la première loi de Descartes de l'optique géométrique pour former une image du ciel, symétrique par rapport à l'horizon. En l'occurence une forêt.

La conjugaison de ces phénomènes formait un tableau des plus photogéniques. C'est souvent au couchers et aux levers (mais dans ce cas, il faut se lever) du soleil que les lumières - et, conséquemment, les photographies - sont les plus belles. Mais, toujours conséquemment, ces scènes sont bien peu lumineuses. Rayleigh, encore lui, imposait donc un temps de pose long au compact numérique que j'avais alors dans les mains. Or, un Corail Téoz avance à plus de 180 km/h et roule, tangue et tosse à chaque fois qu'il passe sur une jointure entre rails. Le risque de flou de bougé est donc élevé. Les fenêtres du Téoz restant obstinément fermées, la lumière doit traverser quelques milimètres d'un milieu plus réfringent que l'air et des dioptres pas toujours propres, le piqué s'en ressent. Enfin, les arbres et poteaux sur le bord de la voie qui ne sont pas dans le cadre au moment de la mise au point profitent fourbeusement de la latence au déclenchement pour masquer tout ou partie du cliché.

Bref, j'ai pris une vingtaine de photos de ce coucher de soleil. Il y en a une de regardable. Elle est floue, mais pas trop.