Salle minuscule et comble, nous sommes assis au douzième rang -l'avant dernier. Devant Victorien s'est posé un immense manteau noir qui boit un verre de rouge et cache la gauche de la scène. Quelques verres enrhumés -ce sont des mojitos- attendent sagement que le concert commence.

Erik Truffaz et ses acolytes -Marc Erbetta (batterie), Marcello Guliani (basse) et Patrick Muller (claviers)- montent sur scène. La musique est légère, un peu hypnotique.

Patrick Muller nous improvise une petite pièce au piano, progressivement quoique délicatement accélérée par la rythmique. Au passage, une remarque[1] : l'impro en jazz n'a rien à voir avec l'impro théâtrale. Côté jazz l'on choisit une phrase musicale, un passage précis ou un chagement de rythme et l'on tourne autour. L'amélioration est continue et le spectateur se prend à accompagner le musicien dans sa recherche. Côté théâtre, impossible de "refaire en mieux", ce n'est pas la recherche qui vaut, c'est le résultat. L'immédiateté est de mise.

Ceci étant dit, Erik annonce son invité du soir, repéré dans une soirée Chet Baker et engagé pour ses goûts vestimentaires, dit-il. Mesdames, messieurs, Ed Harcourt ! La salle applaudit et le grand type devant Victorien se lève. Il enlève son manteau pour révéler une fleur sur sa veste blanche et un accent anglais que le verre de rouge n'a pas entamé.

C'est parti pour quelques standards Chet-Bakeriens. Musique d'un autre temps d'une douceur et d'une mélancolie sans pareilles. Ed a une jolie voix qu'il trempe régulièrement dans son verre de rouge, la trompette l'accompagne doucement sur trois morceaux. Le quatrième s'accélère en une fête de notes, les sourires se dessinent sur scène et dans la salle et le rythme gagne[2].

Ed descend de scène pour la reprise d'un thème joué précédemment, en plus rapide... C'est la fin du premier set. Des caïpirinhas prennent place sur la petite table.

Retour des musiciens pour un second set résolument moderne : de l'élctro-Truffaz -dont un morceau magique apparemment du dernier album qu'il faut absolument que je me procure- puis quelques titres signés Harcourt (où Ed pianote lui-même). La soirée s'accélère et tandis qu'Ed s'éclipse, l'on passe au funk. Marcello nous sort un solo de basse de toute beauté pour finir le set.

Pas le temps de remplacer les caïpi's que les rapels continuent dans la veine funk, encore plus loin, encore plus fort.

MMMMmmmmmh. Vivement la prochaine.

Notes

[1] Cette musique est propice à la divagation.

[2] Vous me ferez penser à me replonger dans la discographie de Jamie Cullum.