A voir. J'aime beaucoup les transports en commun, ils permettent d'étudier ses congénères[1]. J'y guette leurs moindres mouvements et suis à l'affût de situations amusantes, dans l'attente de comportement particuliers... L'observation du paysage qui défile est aussi une de mes activités favorites. Mais tout ceci n'est pas très constructif. Aussi, je lis, j'écoute de la musique ou, depuis quelques temps, je rédige les notes de ce blog. Mon cahier est couvert des brouillons des notes de ce blog. Face à mon pc, les retouches sont minimes.

Au début, cela m'était tout à fait impossible. Le moindre cahot transformait mon stylo en sismographe à rouleau[2]. Accessoires favoris des réalisateurs de film catastrophe -car ils permettent de matérialiser les tremblements de terre sans recourir au tremblement de caméra (l'effet spécial le moins spécial qui soit)-, ils n'en sont pas moins d'une profonde inefficacité pour écrire un billet. Ou alors il faut se sentir l'âme d'un Champollion.

Avec le temps, j'ai compris : il est vain de lutter contre les aspérités de la route et les coups de frein du chauffeur. La seule méthode efficace, c'est d'attendre les moments de calme au milieu de la tempête : feux rouges, carrefours, arrêts et embouteillages.

Effet adrénalisant. Pendant que le bus avance et se secoue comme une bouteille d'oragina avant usage, je songe à ma phrase et dès que l'essorage s'arrête, je me précipite sur mon cahier pour quelques secondes de frénésie à l'encre. En observant mes brouillons, on doit pouvoir déterminer le nombre -et la durée- des arrêts, car comme le bus démarre toujours trop vite, le dernier mot écrit est toujours illisible.

Paradoxe du gruyère. Ecrire sert à occuper le temps de transport que je trouve trop long. Mais je ne peux écrire que lors des arrêts. Plus il y a d'arrêt et plus je suis content. Mais plus il y a d'arrêt et plus le transport est long, donc moins je suis content.

Surplus d'activité ou défaut de matériel. Certes, écrire dans le bus permet de ne pas écrire plus tard, mais il faut tôt ou tard retranscrire le texte en octets sonnants et trébuchants. L'utilisation directe d'un ordinateur portable impliquerait de le transporter matins et soirs, or j'aime avoir les mains -et épaules- libres. Reste la solution pda. On a vu les avantages, voici les inconvénients : pas forcément simple de taper du texte, un appareil électronique de plus, coût. Sans compter le fait que j'aime beaucoup mon stylo...

Notes

[1] Et tout ça je le vois / De la fenêtre d'en haut / De la fenêtre du grenier / Où je vais étudier. / Pour observer la vie / Et ses folies / C'est très intéressant / De voir les passants. Charles Trenet

[2] Une espèce de bandes de papier qui défile sur laquelle se déplace un stylo.