Ici, pour faire un bon film, il ne manquait pas grand chose.

L'idée de base c'est que des scientifiques ont par accident -ce qui permet d'éviter les explications techniques- créé un pont spatio-temporel. Ils peuvent voir tout ce qui s'est passé 4 jours plus tôt. On entend tout, on peut prendre n'importe quel angle de vue mais on ne peut ni revenir en arrière ni accélérer (si on veut voir ce qui s'est passé il y a deux jours, il faut donc attendre deux jours).

Au début du film, un ferry explose. Boum ! Denzel Whasington -qui a grossi- commence l'enquête. Très vite il est repéré par Val Kilmer -qui a sacrément grossi- qui lui demande d'utiliser sa machine technologique pour trouver le vilain. Denzel pense que trouver l'assassin d'une minette (retrouvée morte un peu avant l'explosion) permettra d'identifier le terroriste. Pendant quelques temps il suit donc cette nana et -syndrome black dahlia- elle commence à l'obséder, il se met en tête de la sauver.

Inéluctabilité

Petit à petit, l'ami Denzel comprend que ce pont spatio-temporel est à deux sens : il est possible d'interagir avec le passé. Il essaie donc de s'envoyer un message pour qu'il arrête le méchant. Mais le passé étant ce qu'il est -passé- c'est son collègue qui reçoit le message, file arrêter le pas encore terroriste, se fait descendre et hop la boucle est bouclé : c'est la faute de Denzel si son copain est mort. D'un autre côté cela devait arriver puisque ça avait déjà eu lieu. Vous suivez ?

Une fois le vilain identifié dans le passé, il s'agit de l'arrêter dans le présent et pour cela, il faut savoir où il est. Comme le bidule technologique a une portée limitée, les scénaristes ont eu une idée amusante : la course poursuite avec quatre jours de retard. Denzel conduit et voit le présent -oeil droit- et le passé -oeil gauche. Lorsque le pas beau est arrêté, Denzel se dit qu'il sauverait bien la minette (d'autant que sur le frigo de la demoiselle, il est écrit U can save her). Il demande donc à ses potes scientifiques de l'envoyer dans le passé. Et c'est là que tout se gâte.

Comme jouer avec le passé ? Trois méthodes célèbres

Méthode Retour vers le futur -utiliser des évènements connus pour reconstruire le passé- au début, une couille semble vouloir changer le futur du passé (le présent), il faut donc boucher les trous pour éviter les paradoxes.

Méthode Paycheck -utiliser des informations parcellaires pour reconstruire le présent- là le présent n'est pas connu (amnésie) mais des indices permettent de le jouer au mieux.

Méthode Harry Potter 3 -utiliser des informations pour rejouer le présent- ici le présent est joué une première fois et certains éléments sont bizarres, un retour dans le passé permet de rejouer ce présent et d'expliquer ce qui clochait.

Dans ces trois exemples, ce qui souffle le spectateur, c'est la cohérence de l'ensemble. C'est bizarre, il se passe des trucs que l'on ne comprend pas, on a peur que ça déconne mais au final tout s'enchaîne parfaitement.

Et que devient l'inéluctabilité ?

Les scénaristes de Déjà-vu se sont dits qu'ils allaient faire quelque chose de neuf : changer le présent. Denzel retourne dans le passé, sauve la minette et empêche l'explosion. En fait, il ne fait qu'éloigner la bombe et explose avec (ben voui, sinon ensuite il y aurait perpétuellement eu deux Denzel).

Là tout se termine bien. Et du coup le film n'existe pas. Ce qui choque mon esprit cartésien. Dommage !

Allez quelques autres critiques en passant : les explications scientifico-obscures nazes, les scènes de poursuite où les voitures font des saltos au ralenti, les effets sci-fi des 70s lorsqu'on remonte dans le temps, les effets de caméra accélérés-ralentis du début du film, Denzel très premier degré, le nombre finalement limité d'interactions passé-présent...