Tout le long du film, les images sont très dures mais ce générique leur donne du crédit : Iwo Jima, ça devait vraiment ressembler à ça...

Iwo Jima, pour nous européens, ça nous parle moins que le débarquement, et son inévitable soldat Ryan. Mais pour les américains, c'était le début de la victoire, car pour bombarder le Japon, il fallait un aéroport pas loin...

Un type a pris une photo de marines qui plantent un drapeau américain au somment de l'île. Cette photo a été utilisée par le gouvernement américain pour lever des fonds afin de financer l'effort de guerre. C'est en gros ce que raconte Flags of our fathers.

Pour être précis, ce film -on ne le comprend qu'à la fin, ou j'ai raté quelque chose-, c'est l'histoire d'une homme d'une cinquantaine d'années qui essaie de comprendre son père décédé en interrogeant ceux (camarades et gradés) qui l'ont connu pendant la guerre.

Mise en abyme

Il y a des flashbacks où les vieux soldats racontent leur levée de fonds. Dans ces flashbacks, il y a des flashbacks où les vieux soldats racontant leur levée de fond se souviennent de la bataille, et la racontent. Il y a aussi des flashbacks où les vieux racontent l'après guerre et dans ces flashbacks là, les flashbackés se remémorrent la bataille et là -paf !- flashback.

Bon, c'est le plus gros défaut de ce film : à trop vouloir secouer temporellement ses intrigues, Clint -ah oui, car c'est Clint Eastwood qui a fait le film, ce qui garantit un quatre étoilage de Télérama- est obligé de retarder l'appararition du fiston-qui-essaie-de-comprendre-son-père et au final, les dernières minutes sont très longues et déconnectées du reste du film. Dommage, il aurait été préférable de raconter au passé sans intervention de personnages de nos jours.

Au chapitre défaut, on peut ajouter le brouillage du/des messages : la guerre c'est mal, les morts sont intrumentalisés pour produire encore plus de morts c'est pas bien, la ségrégation des indiens c'est mal, les héros c'est une invention des gens normaux pour se rassurer ça n'existe pas, la gloire c'est éphémère, etc.

Boum boum pan boum et esthétique

Il y a avait le débarquement de Spielberg où tout allait à toute vitesse. Les types couraient partout, tombaient comme des mouches sans pouvoir rien faire. Caméra portée, image à gros grain, légèrement décolorée pour faire vieux.

Il y avait la scène de la colline de Malik où les soldats se faisaient canarder par des ennemis invisibles dans un décor idyllique sous une musique planante. Images piquées, couleurs fortes.

Il faudra maintenant compter avec le débarquement d'Eastwood. Peut-être moins d'action mais pas moins d'intensité. Car ici, on voit se construire le piège dans lequel tombent ces pauvres soldats. Images granulées, fortement décolorées (attention, pas du noir et blanc), alternance de caméras posées et portées.

Au final, Flags of our fathers, c'est bien. Pas génial, mais bien. Pas le meilleur Eastwood, mais un bon film.