On reconnait tout de suite un film de Greengrass à l'image. Ni steadycam, ni trépied. La caméra est constamment portée. Elle bouge. La pellicule a un gros grain. La zone de netteté est floue.

On reconnait tout de suite un film de Greengrass au ton. Quasi documentaire. Le cinéaste montre le quotidien des personnages. Il ne se concentre pas sur des instants importants pour l'histoire, il montre tout.

On reconnait tout de suite un film de Greengrass à l'histoire. Fouillie. Nombreux acteurs. Tout le monde parle en même temps, comme dans la vraie vie. Peu d'indications narratives : pas de présentation des personnages, rien sur les enjeux. Le spectateur est juste un témoin.

Bloody Sunday était très bon, La mort dans la peau, un canon du film d'action. Pourtant, j'avais quelques appréhensions pour Vol 93 : je craignais un God bless America filmé. Heureusement, il n'en est rien. Pas de réflexion, pas de lyrisme, pas de larmoiement, c'est brut de fonderie. Les personnages ne sont qu'esquissés, il n'y a pas de héros. Personne ne maîtrise rien : l'évênement dépasse tout.

Le film ouvre sur les passagers qui embarquent à bord du Vol 93 -le seul des quatre avions détournés le 11 septembre à n'avoir pas atteint sa cible. Ensuite l'action alterne entre les contrôleurs aériens de la FAA[1], des différents aéroports et les contrôleurs militaires. Tous sont complètement impuissants. Ils ne sont pas préparés à une telle situation. C'est par CNN qu'ils apprennent le premier crash sur une des tours. La seule chose qu'ils peuvent faire, c'est une liste des avions potentiellement détournés.

La dernière partie du film se passe uniquement dans l'avion : les pirates le détournent. Les passagers se révoltent. L'avion s'écrase. La tension monte tout au long du film. L'ultraréalisme de la mise en scène fait mouche. Et la fin n'est pas une libération : on reste scotché dans son fauteuil, mal à l'aise...

Quelques lignes de texte avant le générique montrent -encore une fois- l'impuissance des acteurs. Pas de morale, pas de critique. Le seul constat que, face à la folie, on ne peut pas grand chose.

Rapide étude du générique. La plupart des controleurs militaires et civils sont crédités as himself. J'imagine que prendre les vrais acteurs apporte une certaine crédibilité au film.

En vrac, quelques défauts notés par ceux qui m'accompagnaient hier. S. : trop de religion, le film ouvre sur un musulman qui prie, les passagers sont tous des catholiques qui prient, c'est un peu trop. G. : la caméra bouge trop, au bout d'un moment, c'est fatiguant.

Notes

[1] L'équivalent de l'aviation civile.