Réveil à 5h30.

Dur. Surtout qu'à peine debout, il faut à nouveau avaler des nouilles, dur[1].

Avec Sophie, en supportrice un peu endormie, nous prenons le métro vers 6h. A cette heure ci, on n'y croise que des zombies : ceux qui ne se sont pas encore couchés et ceux qui viennent de se lever. Dans la seconde catégorie, ce matin-là, un grand nombre de zombies porte un grand sac blanc. Et plus on se rapproche de la Tour Eiffel et plus les sacs blancs se multiplient.

Sous la Tour Eiffel et une pluie fine, je me change et dépose mes vêtements à la consigne.

Derniers préparatifs

A 7h, je suis dans l'aire de transition, face à mon vélo qui a été trempé toute la nuit. Un petit coup de chiffon, un coup d’œil aux pneus (la pompe reste dans le sac), puis j'installe la sacoche de selle et la gourde. Le casque repose sur le guidon avec la ceinture porte dossard.

Je place les chaussettes dans les chaussures et l'ensemble avec la serviette dans un sac plastique pour éviter que la pluie ne les trempe[2].

A défaut de néoprène, j'enfile un top en lycra. Mes lunettes de natation sont réglées et j'ai le bonnet jaune.

Triathlon de Paris 2012

Aujourd'hui la Tour Eiffel est envahie par une horde de curieux touristes en combinaisons néoprène.

Triathlon de Paris 2012

Transhumance

7h30, un type appelle dans un haut-parleur : la transhumance des bonnets jaunes va commencer, préparez-vous à vider l'aire de transition ! Le parcours de natation n'étant pas une boucle, il faut se rendre à pied au point de départ : les Invalides. 1,6km de marche à pied sur les quais d'une Seine grise et agitée, à 7h40 du matin, sous une pluie soutenue... J'ai froid et j'ai peur de trouver l'eau glacée - au milieu de 1500 types en combinaison néoprène, je me maudis d'avoir fait le choix de la bête trifonction. Là, il faut bien avouer que mon motivomètre est au plus bas. Heureusement, Sophie est là pour me raconter des blagues.

Triathlon de Paris 2012 Triathlon de Paris 2012

Un peu avant le pont des invalides, nous croisons la vague rouge partie quelques minutes plus tôt. C'est assez impressionnant. Ma p'tite sœur et son copain pointent le bout de leur nez, la pluie s'arrête, il est l'heure d'entrer en piste.

Mise à l'eau

Je fais quelques étirements et un peu de réveil musculaire (comme à l'époque de mes compét' de natation : faire tourner les bras, sauter sur place...). J'enfile mon bonnet et mes lunettes et me place dans la file vers l'escalier qui mène à la Seine.

A la mer, je suis du genre à mettre une heure à me mouiller, mais là, poussé par un flot continu de triathlètes, je n'ai pas vraiment le choix : arrivé en bas de l'escalier, je me jette franchement. Excellente surprise, l'eau est chaude (22°C).

Je m'approche de l'aire de départ et m'accroche à un kayak en attendant le coup de feu. Un mouvement de foule étrange fait que le premier rang part, croyant que le départ a été donné. Les kayaks crient pour retenir les nageurs mais ils n'entendent rien. Le starter donne donc le départ de la vague avec quelques minutes d'avance, alors que tout le monde n'est pas à l'eau. Dommage.

Natation_

Les premières mètres sont sportifs. Nous étions tous serrés à la verticale et lorsque le départ est donné, tous les nageurs s'allongent et se retrouvent donc les uns sur les autres. De plus en eau vive, on ne nage pas droit. Bref, je reçois quelques coups involontaires (et en donne certainement quelques uns).

Triathlon de Paris 2012 Triathlon de Paris 2012 Triathlon de Paris 2012

J'hésite à attendre quelques instants que la meute passe - mais comme je suis plutôt bon nageur, je me dis que je retomberais dans la meute un peu plus loin. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Et un moment plutôt court : le banc de nageurs se disperse bien plus vite que je ne l'imaginais.

La Seine est très trouble, on ne voit pas plus loin que son bras, ce qui oblige à lever la tête de temps à autres pour recaler le cap. L'eau est plutôt plate sauf entre les piles des ponts et aux abords des péniches amarrées - tiens d'ailleurs, dans un moment d'égarement, j'ai bien failli me manger une péniche garée en double file.

A l'approche du pont d'Iéna, la meute se serre à gauche et vise le petit escalier qui marque la fin du parcours.

Transition 1

C'est un peu la foire d'empoigne pour sortir de l'eau et les premiers pas sont assez déroutants - j'ai un peu la tête qui tourne. Je jette mon bonnet, passe en trottinant sous trois rideaux d'eau et enlève mon lycra. Des bénévoles indiquent le chemin jusqu'aux parcs à vélo tandis que le soleil disperse les nuages.

Le parc à vélo est encore plein de vélos et il n'y a pas beaucoup de concurrents - j'ai dû nager plutôt vite.

Triathlon de Paris 2012

Arrivé à mon vélo, je jette les lunettes et le lycra dans un sac en plastique, me sèche sommairement les pieds (en faisant attention à enlever les petits cailloux), enfile mes chaussettes, saute dans mes chaussures, attache la ceinture porte dossard et mon casque.

Juste avant de filer, je m'aperçois d'une erreur dans mon plan pour l'instant sans accroc : j'ai oublié de remettre le compteur kilométrique - je l'avais enlevé la veille en prévision de la nuit (et de la pluie) - il est au fond de mon sac et je perds dans cette bataille une bonne trentaine de secondes[3].

J'agrippe la selle et cours vers la sortie de l'aire de transition[4]. Il y a pas mal de distance à franchir en poussant le vélo (le parcours fait des détours pour que les concurrents des différents parcs à vélo fassent la même distance).

Une fois la ligne franchie, je monte sur la bécane, serre un peu les cale-pieds et go !

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Vélo

Les premiers coups de pédales sont agréables, je me sens très frais. La chaussée est détrempée des pluies du matin, il va falloir faire gaffe dans les virages.

Je pars à fond de train, euphorique. Le compteur hésite un moment entre 39 et 40km/h. Jusqu'alors, je n'ai jamais longtemps tenu cette vitesse, c'est grisant - surtout qu'assez vite je rattrape des attardés de la vague rouge. Les cuisses commencent à chauffer et le cœur à taper mais rien à faire, je continue à fond, tant pis je ferai mon possible en course à pied. Puis je jette un œil à mon compteur qui affiche un désespérant 4.2km. Bref, il reste 35km.

Je ralentis à une vitesse plus proche de mes prévisions originelles, entre 32 et 33km/h. Mais à cette vitesse, je ne trouve pas de groupe : les attardés sont beaucoup trop lents et les fusées qui me dépassent sont irrattrapables (et nombreux)... Tant pis, je maintiens les 32km/h, je vais payer ça en CAP...

Le parcours dans le bois de Boulogne est très agréable : quasiment plat (quelques faux plats pas très méchants), pas de vent et de plus en plus de soleil - j'en viens presque à regretter mes lunettes de soleil. Le bitume est roulant mais toujours humide, les virages sont donc glissants - j'assiste à trois lourdes chutes qui plombent un peu l'ambiance - les virages se passent donc à toute petite vitesse, surtout les épingles[5].

Au kilomètre 7, j'avale mon premier tube de gel énergétique - c'est assez dégueulasse - je garde le deuxième pour le kilomètre 30...

Sur le quai de Seine qui nous ramène à Paris, je double un rouge attardé en vélib' puis me fais doubler par le premier de la vague bleu.

Un point qui m'avait étonné : sur les dossards, figurent le numéro et le prénom du participant. Pourquoi mettre le prénom ? Tout s'explique lorsqu'un type me double en criant "allez Bertrand !", alors que je piochais un peu. Quelques kilomètres plus tard, j'en découvre une utilisation détournée : une fusée de l'arrière hurle pour demander qu'on lui fasse de la place. Jean-Pierre qui est devant moi ne peut pas se décaler à cause d'une grosse flaque et la fusée le doublant beugle "Tu comprends rien à ce qu'on te dit, Jean-Pierre ! T'es bouché ?!" - moins sympa.

Mais voilà que la Tour Eiffel se rapproche...

Transition 2

Juste avant l'entrée dans l'aire de transition, je descends de ma bécane, l'attrape par la selle et cours vers le parking. Une fois le biclou pendu, je pose le casque, retourne la ceinture porte-dossard[6].

Juste avant la sortie de l'aire de transition, premier ravitaillement : un verre de coca et quelques abricots secs.

Sophie et ma p'tite sœur sont postées juste à la sortie, elles me font coucou mais je ne les salue qu'à peine : les premiers mètres sont plutôt difficile. Je ne suis pas fatigué mais les jambes sont lourdes et ne bougent pas très vites...

Triathlon de Paris 2012

Course à pied

Après quelques centaines de mètres, je trouve mon rythme et curieusement, c'est un peu au-dessus de 12km/h. Je dis curieusement parce que c'est plus rapide que le 10km sec moins de deux mois plus tôt. Je reste à cette allure, on verra bien.

Le parcours dans Paris est très agréable : nous longeons la Seine, puis la traversons. Rive droite, juste après un ravitaillement - un verre d'eau et une éponge - nous montons (dur dur) derrière le Trocadéro puis redescendons vers la Seine. La plupart des jaunes vont à mon allure et nous nous faisons déposer par quelques fusées bleues.

Il y a pas mal de gens qui encouragent sur les bords de route (là encore le prénom sur le dossard se révèle utile) - dont des touristes que ça amuse beaucoup.

Le dernier kilomètre est un peu dur, mais je serre les dents, car le Trocadéro se profile.

L'arrivée

Il y a une belle petite foule le long de la dernière ligne droite, mais pas de Sophie en vue[7].

A l'arrivée, on échange la puce chronométrique contre une médaille de finisher 2012. Puis c'est l'heure de manger : le buffet d'arrivée est gargantuesque et il y en a pour tous les goûts : des gâteaux, des barres énergétiques, des sandwichs, des fruits et plein de trucs à boire...

Triathlon de Paris 2012

Quelques étirements et je retrouve la petite troupe des supporters, nous allons boire un verre puis je rassemble mes affaires et ramène le vélo à la maison (c'est bien pour la récupération).

Mon temps 2h24' est largement en dessous de ce que j'espérais. En natation, le courant a dû pas mal aider. En vélo, j'ai fini un peu plus vite que mon objectif et j'ai explosé mon pronostic de course à pied. Youpi-chouette !

Et maintenant, et après

J'y retournerai, c'est sûr, avec une préparation un peu plus sérieuse. Il faudra notamment bosser le vélo - en fin d'année.

D'ici là, je participe à une nouvelle course dans la Seine le 2 septembre : 2.5km entre Trocadéro et le Parc André Citroën ; puis avec les collègues, nous courrons à nouveau un 10km le 7 octobre, dans le bois de Vincennes.

Notes

[1] D'autant plus que d'habitude, je ne petit-déjeune pas... Je sais c'est mal.

[2] Ce qui est un peu idiot puisque je vais nager dans quelques minutes et les enfiler trempé...

[3] Oui, je sais, ce n'est rien du tout, mais sur le coup, ça m'a semblé une éternité et j'étais dégouté d'avoir fait cette bêtise.

[4] Les habitués courent pieds nus, les chaussures directement attachées aux pédales ; ils sautent sur le vélo et enfilent les chaussures en pédalant... Je réserve ces acrobaties pour la prochaine fois.

[5] Le parcours vélo présente X rebroussements et donc autant de virages en épingle à cheveux.

[6] Le dossard se porte sur le dos en vélo et sur le ventre en CAP.

[7] Sur le coup, je pense l'avoir ratée alors qu'en fait, comme j'ai couru plus vite que prévu, elle est arrivée un peu trop tard.