Spider Man vs The Amazing Spider Man
Par Bertrand Ytournel le dimanche, 29 juillet 2012, 01:30 - critique - Lien permanent
Ils ont rebooté Spider Man. Curieux alors que les films de Sam Raimi avaient de bonnes critiques et marchaient bien au box office. Les voix du marketing stratégique sont parfois impénétrables...
Toujours est-il que ça nous offre l'occasion de faire un petit comparatif. D'autant que là, visiblement, j'insomnise.
Le scénario vs the Amazing scénario
Ne tournons pas autour du pot, c'est le même film, à deux trois détails près. En voici le découpage : 1) à l'école, Peter est embêté par une brute et il rencontre une jolie minette. 2) Fan de sciences, il impressionne un scientifique qui devient une sorte de mentor. Et il se fait piquer par une araignée. 3) Peter découvre ses super-pouvoirs dans une scène comique[1]. Il se venge de la brute. 4) Peter joue les égoïstes et provoque -indirectement- la mort de son oncle. 5) Peter chasse le meurtrier et se fabrique un costume en lycra. 6) Le scientifique - sous la pression d'une autorité peu définie[2] - s'inocule un produit pas encore testé, se transformé en super méchant, pète les plombs et va dézinguer l'autorité sus mentionnée. 7) Première confrontation entre Spidey et le méchant, à l'avantage du méchant mais qui donne l'occasion au héros de prendre conscience de son héroïsme. Puis il emballe la minette. 8) Ça castagne, ça bastone et on envoie des effets spéciaux à tout va. Au final, c'est Spidey qui gagne et le méchant a un dernier sursaut d'humanité avant la fin. 9) Générique.
Au rayon petites différences, The Amazing ouvre une intrigue sur les parents de Peter : ils lui ont caché des choses qui seront révélées dans The Amazing 2, si le premier est un succès commercial[3]. Et sinon, The Amazing Peter ne bosse pas encore comme photographe, il est toujours à l'école.
Bref, égalité
Spider Man ou Tobey Maguire vs Andrew Garfield
Tous deux bons acteurs et crédibles dans l'interprétation d'un post-ado aux multiples tiraillements. Tobey est plus mou qu'Andrew qui lui est un peu rebelle avec un léger syndrome George Clooney époque ER[4]. Tobey manque parfois d'expressivité tandis qu'Andrew arbore toujours un irréel brushing. Tobey est plus proche du Spidey nabot tandis qu'Andrew fait un peu trop grand déginguandé...
Les personnages sont vraiment similaires : héros tiraillé entre son envie/devoir d'aider, la peur d'impliquer ses proches et les regrets d'avoir précipité la chute de son oncle. The Amazing prend peut-être un peu plus de temps pour poser le personnage de Peter -les parents, tout ça tout ça- qui semble plus fouillé.
Léger avantage The Amazing
Le Méchant ou le Gobelin Vert vs l'Homme Lézard
J'aime bien Rhys Ifans mais Willem Dafoe a une autre gueule.
En plus le personnage d'homme lézard est un peu naze. Son plan diabolique est moyen : transformer tout le monde en lézards pour que l'humanité (enfin la reptilité) vive plus heureuse, mouais. Le gobelin vert, lui, en bon schizophrène, se contente de taper sur tous ceux qui ne lui reviennent pas et ça passe mieux.
Avantage The Original
Note : c'est rigolo de voir que les méchants de Spiderman ne sont jamais intrinsèquement méchants[5] : il le deviennent par un malheureux concours de circonstance et ils se rachètent toujours à la fin[6].
La minette ou Kirsten Dunst vs Emma Stone
Toutes deux mignonnes et sachant jouer.
Mais tandis qu'MJ n'était qu'une copine de héros, empotée et systématiquement kidnappée, Gwen semble largement mieux pourvue côté ciboulot - presque trop d'ailleurs : la nana de 16 ans qui, après l'école, gère les stagiaires d'Oscorp, qui y croit ? Sérieusement ? Ceci étant, elle fait autre chose que crier et sait même se rendre utile et cela vaut un paquet de points.
Avantage The Amazing
Les seconds rôles
La mamie Aunt May de Raimi faisait vraiment mamie mais celle de Webb est peu colorée et d'ailleurs on ne la voit pas beaucoup.
Charlie Sheen en Uncle Ben, avec un dentier trop grand, cela fait oublier celui de Raimi[7] (dont je ne mets pas le nom pour bien montrer qu'on l'a oublié).
Il y a moins de seconds rôles et ils sont moins présents dans The Amazing. Jonah Jameson, le directeur du journal est absent de The Amazing puisque Peter n'est pas encore obligé de bosser. Et c'est vraiment dommage parce que ce personnage là valait son pesant de cacahuètes... Harry Osborn, le meilleur-copain-du-héros-fils-du-méchant n'existe pas non plus dans The Amazing - c'est Gwen et son papa chef-de-la-police-qui-doit-arrêter-spiderman qui jouent sur la corde shakespearienne.
Léger avantage The Original
Mise en scène ou Sam Raimi vs Mark Webb
Mark Webb colle largement au style Raimi et fait un film facile, qui accompagne le spectateur sans le traumatiser.
The Amazing est curieusement balancé : le méchant n'apparaît que très tard - cela permet de mieux présenter Peter/Spidey et ses premiers pas de héros (d'ailleurs au début pas si héros que ça), mais du coup, la fin est un peu précipitée. L'original est plus équilibré mais du coup c'est la relation entre Peter et MJ qui semble plus artificielle. Bref, dans les deux, il y a du pour, du contre et du bien au contraire.
Côté humour, ils cochent tous deux la case avec des scènes absurdes pour l'un - The Amazing scène de drague, ou la baston dans le dos du bibliothécaire[8] - et des personnages pour l'autre - le directeur du journal, l'ouvreur du théâtre...
J'aurais tendance à préférer la mise en scène de Raimi mais il n'est pas évident d'extraire le premier film du reste de la trilogie. Au bénéfice du doute, on se contentera de déclarer :
égalité
Les effets spéciaux vs the Amazing effets spéciaux
Même si tout est très joliment chorégraphié, le premier Spidey a onze ans et ça se voit un peu. Le p'tit nouveau est nickel sur ce point ; The Amazing 3D ajoute même quelques effets sympas mais heureusement Mark Webb n'en abuse pas.
Avantage The Amazing
Au final: The Amazing gagne aux points. Il ne révolutionne pas la franchise mais c'est un excellent film à pop-corn. Ceci étant, pour intéresser les spectateurs, The Amazing 2 a intérêt à être franchement plus original - upgrader les effets spéciaux, ça ne marche qu'une fois...
Pour finir, une remarque toute personnelle qui n'apporte absolument rien au débat : Spiderman, il est uniquement fort dans son écosystème de Manhattan. Si on le délocalise dans n'importe quelle autre ville américaine, où les bâtiments ne dépassent pas quatre étages, il ne vaut pas un cachou.
Notes
[1] Métaphore de l'adolescent qui découvre son corps pour Raimi vs une sorte de Gulliver-géant chez Webb.
[2] Le manager chez Webb, l'armée pour Raimi.
[3] Oh le cliffhanger à deux balles caché à la fin du générique...
[4] Il penche la tête, sourit et parle avec un air de chien battu
[5] Contrairement aux méchants de Batman qui sont des fous anarchistes ou aux méchants de Superman qui sont de bêtes criminels.
[6] Tandis que les méchants de Batman sont des fous anarchistes et les méchants de Superman sont des criminels bêtement vénaux.
[7] L'oncle Ben, pas le dentier.
[8] Stan Lee.