La génèse

Tout commence en octobre dernier, lors d'une soirée chez les voisins. Lui, sportoholic, nous parle de la diagonale des fous et d'autres trails de frapadingue qu'il fait régulièrement... Et il me suggère d'essayer. Très peu pour moi : je n'aime pas courir, ça fatigue, ça fait mal aux genoux et c'est monotone.

Il ne se démonte pas : ça ne fatigue qu'au début, avec l'entrainement, on ne sent plus rien ; pour le mal de genoux, il suffit d'avoir de bonnes chaussures et de faire du vélo, ça évite les blessures et contre la monotonie, il n' a qu'à varier les parcours. J'essaie de m'en sortir en lui expliquant que le seul sport que je pratique est la natation. Il exulte : parfait, tu peux te mettre au triathlon ! J'ai fait celui de Paris l'année dernière et c'est très sympa...

J'ai beau me défendre à grands coups de poil dans la main, le ver est dans le fruit : un vélo se retrouve sur ma liste au Père Noël[1] et le 7 janvier, malgré le froid (sec heureusement), je fais ma première sortie à pédales dans le bois de Vincennes.

Pour le triathlon, la partie vélo ne m'inquiète pas beaucoup : je me sens capable de terminer 40km sans y laisser trop de plumes - même si jusqu'alors, je n'ai roulé qu'en VTT dans le parc des volcans d'Auvergne[2].

La natation se fera les doigts dans le nez[3] : 1.5km dans la Seine avec le courant ne devrait pas poser problème - même si jusqu'alors je n'ai aligné les longueurs qu'en piscine - en eaux vives, on se perd facilement tandis qu'en piscine, il suffit de suivre le carrelage.

Reste la course à pied, qui ne m'a jamais vraiment amusé et souvent fait mal aux genoux. Avant de m'inscrire, je décide donc de me tester sur quelques sorties.

Et pour cela, je plonge à la cave à la recherche de ma vieille paire de chaussures de running (jusqu'alors, elle n'a servi qu'une seule fois, à courir derrière un ballon rond, en mai 2005) et le vendredi 13 janvier, malgré la nuit (et le froid), j'attaque mon tout premier footing. Une demi-heure, cinq kilomètres d'après le GPS de l'iphone et trois jours de courbatures. Je remets ça le mardi suivant : 6.5km suite à une erreur de parcours... Encore plein de courbatures mais les genoux ont tenu, c'est l'information essentielle.

Euphorique[4], je me lance et m'inscris au triathlon de Paris : 1.6km de nage dans la Seine, 39km de vélo dans le bois de Boulogne et 9km de course autour du Trocadéro. Ta tadaaaa !

Du matériel pour la performance

La performance ne se conçoit qu'avec du bon matériel - rien de trop ostentatoire sinon, on passe pour un pinpin mais juste ce qu'il faut pour qu'on se dise ok il ne court pas vite, mais il a la classe. En plus, faire du sport dans une chouette tenue, c'est bon pour le moral.

Mon entrainement m'entraine donc tout d'abord à courir les magasins.

Première nécessité : améliorer l'équipement de CAP[5] : des chaussures de course dignes de ce nom (ma vieille paire a rendu l'âme - semelle déchirée - à la quatrième sortie) et quelques paires de chaussettes, un cardio-fréquencemètre (la mesure est consubstantielle de la performance), deux fuseaux (un court, un long), quelques T-shirts...

Côté vélo, il faut changer les chaussures (trop étroites), ajouter un compteur (la mesure est bla bla), quelques accessoires pour l'entretien, des chaussettes pour l'hiver.

De nouvelles lunettes à joint cahoutchouc remplacent mes vieilles suédoises[6] dans le sac de piscine.

Ainsi paré et avec mes sous-vêtements de ski, j'affronte presque avec le sourire les grands froids de février et mars...

En juin, à l'approche de la course, je complète la panoplie d'une chouette combinaison trifonction Zoot[7] et d'un cardiofréquencemètre un peu plus sophistiqué (avec accéléromètre pour mesurer sa vitesse de course).

Dans le but de simplifier les transitions, je vire les pédales automatiques du vélo et monte de bêtes cale-pieds (je ferai donc le vélo avec les chaussures de course).

Un programme d'entraînement

Une bonne performance nécessite avant tout une bonne planification.

En l'occurence, je crée un fichier excel avec des colonnes pour chaque sport et une ligne par jour - entre le 20 janvier et le 8 juillet. Après ce grand pas en avant, j'explore le net à la recherche de programmes d'entrainement. On trouve de tout mais ils nécessitent tous une grande discipline. Mes horaires de boulot étant assez imprévisibles, je ne m'impose finalement aucun programme spécial triathlon. Trois courses par semaine, deux sorties vélo et une à deux séance de natation feront une bonne base.

La course étant mon gros point faible, je me force à suivre un petit programme de travail de l'endurance, sur 8 semaines, entre février et mars. Avec ma vieille frontale et mes gants de ski de fond, je cours la nuit autour du Lac Daumesnil gelé, quasiment seul... Ce n'est qu'aux beaux jours qu'il y aura de la foule.

Les samedis et dimanches matins, je roule sur une piste triangulaire dans le bois de Vincennes. Il y a toujours du monde, de tous les niveaux et même si je travaille souvent en solitaire, il m'arrive d'accrocher un peloton pour rigoler. De superbes vélos tout carbone montés d'athèltes couverts de lycra y cotoient de vieux bicycles néerlandais chevauchés de bonshommes aux tenues dépareillées. L'ambiance est plutôt agréable, au milieu des bois, loin des voitures. Et l'on y croise des personnages : des corbeaux habitués viennent manger dans la main d'un type qui pédale

Poussé par des collègues, je participe, le 13 mai 2012, à ma toute première course à pied : un 10km organisé par Handicap International dans le bois de Boulogne. L'ambiance est excellente - l'échauffement collectif sous la houlette d'un GO vitaminé est mémorable. Il fait beau. Sans repère précis, je table sur 55 minutes à une heure ; mais dès le départ donné, je rattrape le lièvre 50' et le suis jusqu'à l'arrivée. 49'30" - 12.1km/h, je suis tout content.

La préparation suit son cours doucettement. Quelques menus virus et douleurs au genoux -TFL- me forcent au repos certaines semaines, mais rien de grave. Les 69kg de début janvier évoluent petit à petit en 66[8].

Arrive juin et la prise de conscience qu'il manque un type d'entrainement : les transitions. Pas les arrêts au stand façon F1[9] mais bien le fait de changer de sport. Pédaler après avoir nagé ne me semble pas poser problème par contre courir après du vélo... Je fais donc quelques séances de vélo + course - juste assez pour constater que l'enchaînement est effectivement difficile.

Comme je n'ai pas vraiment de temps de référence ou d'idée de l'effet de l'enchaînement, je pifomètre des temps de passage : pour la natation, j'imagine parcourir les 1.6km en 25 à 30 minutes (le courant ?). En vélo je pense rouler entre 27 et 32km/h selon que je serai esseulé ou dans un peloton[10], soit 1h15 à 1h25. La course à pied est plus incertaine, je table sur environ 10 à 11km/h soit 49 à 54 minutes.

Bon ceci étant, c'est mon premier triathlon, pas de pression, il s'agit surtout de s'amuser...

Notes

[1] En fait, je demande à mon papa s'il me céderait son joli vélo de course qui prend la poussière dans le garage. Il accepte.

[2] Et que ça date d'une bonne douzaine d'années.

[3] Au sens figuré.

[4] J'ai la tête pleine d'endorphines et je n'en ai pas encore plein les pattes...

[5] Pour Course A Pieds.

[6] Pour les bains de foule, il faut éviter les suédoises si l'on tient à ses arcades sourcilières.

[7] La trifonction fait maillot de bain, cuissard de vélo et maillot de course à pied, pas besoin de se changer...

[8] Comme toujours, c'est au pic de poids que je renouvelle ma garde robe...

[9] Ce sera un axe d'amélioration pour les courses à venir.

[10] Normalement, en triathlon, il est interdit de s'abriter derrière un autre concurrent : le drafting est interdit et a fortiori il n'y a pas de peloton - c'est pour cela que les triathlètes ont des vélos de contre-la-montre très profilés avec des prolongateurs pour l'aérodynamisme. Sauf que sur le triathlon de Paris, il y a 4500 concurrents (dont pas mal de débutants) sur un parcours assez court et des routes pas très larges, bref, interdire les pelotons cyclistes est impossible, le drafting est donc autorisé et les vélos de contre-la-montre interdits...