Je pourrais prétendre que c'est parce que la primeur d'Indiana Jones était réservé pour des amis que je suis allé voir Iron Man, mais non, j'assume : j'avais envie d'y aller. Na !

Ce film n'a pas d'autre ambition que celle de nous distraire[1]. Et, en cela, c'est un succès.

C'est aussi un excellent moyen de passer en revue les canons du film de super-héros.

Les méchants

Evidemment, dans un monde où tout le monde il est beau et gentil, pas d'enjeu...

Le premier méchant est vraiment méchant. La preuve, il a une kalachnikov, il tue des gens et parle une langue étrangère. Lorsqu'il apparaît, la musique se fait tendue. Et il porte une barbe.

Le sur-méchant est encore plus méchant. La preuve, il n'a pas d'arme (mais des hommes de main), torture des gens et parle anglais (avec accent). Sa musique est lourde. Et il est chauve.

Le super-méchant, il est tellement méchant, qu'il n'a pas besoin de moteur pour se justifier : c'est le plus méchant. Et d'ailleurs, au début on pense qu'il est gentil. Mais on aurait dû se douter. Car il est chauve et il a une barbe.

Les gentils

Si tout le monde est méchant, on ne va pas loin.

Le flambeur bling bling qui ne peut pas s'empêcher de jouer les intéressants[2], mis en musique par un rif de guitare djeunz cool, c'est le héros. Son moteur : s'amuser. Au début, il s'amuse et pense sauver le monde en vendant des armes. Bref, il essaie d'être gentil. A la fin, il s'amuse en se débarrassant des méchants. Bref, il devient gentil.

La blonde mignonnette énamourée comme une gamine de douze ans, elle est par essence gentille.

Le militaire black ami du gentil, il est gentil. Une sombre histoire de quotas.

Les super-pouvoirs

Pas de super-héros sans super-pouvoirs. Mais super-attention, trop de super-pouvoirs tuent l'intérêt du super-film.

Ici, on est dans le technologique, ce qui impose certaines limites physiques -et souffle un bien beau message- : même si l'on est super-fort, on ne sauve pas le monde sans une source d'énergie renouvelable.

La double personnalité

Classiquement, le super-héros a une double identité. Mais bien souvent, il est plus fondamentalement double : il se doit d'être torturé.

Là, nous avons affaire à un conflit interne violent : le geek-playboy.

...

L'on pourrait continuer des heures à décortiquer ainsi le genre, je vous propose d'abréger en passant en revue les six comic-movie criterions (ytournel et al, 2006) :

  1. Un bon personnage. Un playboy qui ne pense qu'à s'amuser et se construit un joujou pour sauver le monde, ça vaut bien un gamin qui s'est fait mordre par une araignée, non ?
  2. Un scénario intéressant. Premier épisode, où comment le personnage principal s'assume enfin. Seule inconsistance scénaristique : le super-méchant dont les motivations (surtout à la toute fin) son étranges.
  3. Un bon réalisateur. C'est ce que je regrette dans le film : un type qui aurait su dire à ses acteurs lâchez-vous !
  4. Un peu d'humour. Les bras robots qui font des bêtises, le PC du héros qui fait des blagues, quelques remarques drôles de ci de là : le réalisateur fait sa part des choses et laisse l'essentiel de l'autodérision à Robert Downey Jr.
  5. Des effets spéciaux au service de l'histoire. Rien à redire, tout est nickel. Les effets sont réussis car on ne les voit pas.
  6. Des acteurs raisonnablement bons. Robert Downey Jr. en fait des tonnes ; Gwyneth Palthrow est un peu perdue ; Jeff Bridges (il m'a fallu son nom au générique pour reconnaître The Big Lebowsky) a un sacré look.

Laissons de côté des attentes d'ordre philosophique. Iron Man n'est pas le genre de film qui vous rend meilleur. C'est simplement un film qui vous fait passer un bon moment.

Notes

[1] A chaque fois que je lis -ou que j'écris- ce genre de phrase, deux images me viennent en tête. L'aveu d'Anton Ego dans Ratatouille : In many ways, the work of a critic is easy. We risk very little yet enjoy a position over those who offer up their work and their selves to our judgment. We thrive on negative criticism, which is fun to write and to read. But the bitter truth we critics must face, is that in the grand scheme of things, the average piece of junk is more meaningful than our criticism designating it so. Puis une chronique de la haine ordinaire de Desproges détruisant un critique qui disait -négativement- ce film n'a pas d'autre ambition que celle ne nous faire rire (comme s'il pouvait y avoir une plus noble ambition !). Merci donc de ne pas lire cette phrase avec un sous entendu négatif...

[2] Cf. la dernière réplique du film, bien drôle.