Putain c'est vrai quoi, on nous bassine avec des conventions à la mords-moi-le-nœud depuis qu'on est tout gosse.

A main gauche, les conneries d'interdits. Ne mets pas tes coudes sur la table. Ne fais pas de bruit quand tu manges. Ne te vautre pas sur ton assiette. Ne bouscule pas tes voisins. N'insulte pas tes profs...

A main droite, les saloperies d'obligations. Dis bonjour. Dis merci. Tiens toi bien. Tiens la porte. Ferme la bouche. Sois sage...

Et toujours en suspens, l'épée de Damoclès : le stage commando chez Nadine de Rotschild avec petit doigt en l'air et vingt-huit centimètres pour séparer le dos du dossier[1].

Bon évidemment, j'en entends déjà -les crétins sont partout, c'est statistique- qui vont affirmer que ces règles sont ce qui nous distingue de l'animal. Ce sont ces petits riens qui font une société où les gens s'apprécient et vivent ensemble. Ce sont ces codes qui fondent des contacts humains a priori positifs.

Tu parles.

Ceux qui pensent que les bonnes manières fluidifient les rapports humains n'ont jamais pris le métro parisien.

On m'objectera -l'idiot est objecteur d'inconscience- que ces personnes n'ont pas eu droit à une bonne éducation.

Et là, j'opine du chef. Le [2]nœud du problème est là. Il y a bonne et mauvaise éducations. Mais le savoir-vivre ne sert pas à adoucir les mœurs. C'est un discriminant pour castes.

Avant tout, les bonnes manières sont un moyen d'afficher à l'autre son niveau social. Un cul-pincé, auriculaire dressé qui souffle Moi je parle châtié en impose au cul-terreux qui ponctue ses phrases de jurons. L'un a réussi socialement et l'autre a raté.

Mais (le crétin qui m'objecte ici l'est moins que les autres), la bonne éducation, on la reçoit tout jeune, de ses parents. Dans ce cas, elle ne peut pas vraiment marquer la réussite sociale...

Oui. La bonne éducation est une mesure de la réussite sociale des parents.

Et la politesse n'est qu'une hypocrisie collectivement assumée par une humanité trop lâche pour dire en vrai les saloperies qu'elle pense tout bas (surtout lorsque l'interlocuteur est parfois plus baraqué que l'interlocuté).

Ce sera tout ?

Non, puisque la ligne jaune a été largement franchie, ne négligeons pas une politisation du débat. Le désormais célèbre casse toi pauvre con de l'omniprésident au salon des bouseux est en fait un pavé dans la mare des gentils bobos. C'est un acte dont l'aspect révolutionnaire ne peut que laisser pantois le plus ligué et communiste des facteurs de France (je ne sais s'il y en en Navarre).

Et pour finir en beauté, je vous suggère ces quelques instants d'écoute d'une conférence des Monty Pyhton (du coup c'est en angliche) intitulée usage of the word fuck (fichier joint en annexe) que je trouve vraiment très drôle.

Je vous prie d'agréer l'expression de mes sentiments les meilleurs. Puisque mes sentiments les pires, nous les agréerez pas.

Sans rancune, allez jeter un œil sur mes co-publieurs du mois :

Laurent, Olivier, Bergere, JvH, Jean-Marc, Lady Iphigenia, Julien, Christophe, Hibiscus, Bluelulie, Anne, Joël, Looange, V à l'ouest, Jo Ann v, William, Catie, Nanou, Isabelle, Lelynx, Cecfrombelgium, Gally, Froggie, La Nymphette, Julie70, Aurélie N, Gazou, JulieMeunier, BlogBalso, Celine, Vladyk, Hpy, Lydie, Lucile, Guy Cardinal, Optensia, Linda, Denis, Yibus et Julie.

Et n'oubliez pas : vive Desproges !

Notes

[1] Sans déconner. Si vraiment il ne faut pas s'adosser à table, pourquoi on n'utilise pas des tabourets.

[2] Tête de