Bertrand : Nous marchions depuis la station Pasteur vers la maison. D'habitude, nous prenons le métro 12 qui nous dépose à Volontaires. C'est plus près de chez nous mais je crois que le trajet depuis la Défense est plus long. Ca faisait déjà quelques temps que je voulais essayer et c'est tombé sur hier soir. Pas de chance.

Sophie : Hier soir il faisait vraiment froid. Je ne comprends toujours pas pourquoi Bertrand nous a fait prendre l'itinéraire où il faut marcher dix minutes. Sans compter qu'il est plus long.

Bertrand : J'expliquais à Sophie en quoi mettre des jolies couleurs sur une présentation power point permettait d'éviter de traiter le fond d'un problème quand j'ai remarqué le bruit...

Sophie : Bertrand racontait n'importe quoi mais ce qui m'étonnait c'était le bignou. Pourquoi diable y avait-il un bignou en plein Paris ?

Bertrand : Difficile à décrire, il faut l'avoir entendu pour le croire. C'était désagréable comme un couteau qui grince sur une assiette, mais en plus grave, plus prolongé, avec plein d'harmoniques.

Sophie : En fait, il y avait plus d'un bignou. Un bagad tout entier.

Bertrand : Au début, j'ai cru à un concert de hard rock. J'imaginais un jeune rebelle maltraitant sa guitare électrique, l'ampli à fond et les fenêtres ouvertes, pour partager ses expériences sonoristiques avec les braves bourgeois parisiens.

Sophie : Je me suis demandé si c'était un coup des indépendantistes bretons. Ca ne pouvait pas être juste une fenêtre ouverte, c'était insupportable, même pour un écossais.

Bertrand : Le guitariste était sourd. Ou bien sa guitare en était à son chant du cygne et il était urgent de l'achever.

Sophie : Soudain il y a eu un grand bruit de verre cassé.

Bertrand : J'ai immédiatement pensé au gaffophone.

Sophie : C'est alors que j'ai vu le camion poubelle.

Bertrand : Au début, je n'y croyais pas, nous sommes restés quelques instants pour vérifier : le bidule métallique qui soulève les poubelles à verre pour les renverser dans le camion grinçait effroyablement.

Note pour plus tard : payer plus cher le calendrier des éboueurs.