Hier donc, au Gaumont Convention, Spiderman 3. 3 comme trois films en un.

Le premier est comique. Personnages burlesques, scènes absurdes, comique de répétition[1]. Le réalisateur s'amuse, nous aussi.

Le second est aventurier. Batailles chorégraphiées et voltigeuses, effets spéciaux à couper le souffle[2], la caméra suit met bien en valeur nos super-héros. Contrairement à Superman, Spiderman, Venom, le bouffon vert et l'homme de sable ne sont pas invincibles et omnipotents : résultat, leurs batailles ont un intérêt.

Le troisième est moralisateur. Il dégouline de bons sentiments. Les méchants ne sont pas vraiment méchants -et s'ils le sont, ils ont un mot d'excuse du scénariste- les gentils se posent des questions existentielles -mais à la fin, tout va bien. On n'échappe pas aux clichés américains habituels[3] : tout le monde est un héros, le pardon est essentiel...

Malgré cette couche de guimauve, les personnages sont intéressants (ils ne sont pas lisses) et bien interprétés. Tobey Maguire est assez fin : Artaban au début du film, sombrant peu à peu dans une folie violente après avoir été mordu par un machin venu de l'espace[4] et rédempteur à la toute fin. Kirsten Dunst est toujours aussi mignonne, doucement triste. James Franco sourit aquafresh tout du long[5].

Le véritable défaut de ce film, c'est son scénario. Un véritable cas d'école pour théâtreux improvisateurs construisant leurs histoires à partir de conflits. En premier, il y a Peter face à lui-même, tel Anakin découvrant le côté obscur de la force. Puis il y a la relation entre Peter et MJ qui prend l'eau (elle ne supporte pas qu'il s'occupe plus de son égo-araignée que d'elle qui vient de se faire virer de son show). La rivalité entre Peter et Brock l'autre photographe qui devient Venom parce que Peter l'avait fait viré et lui avait piqué sa nana. La rivalité entre Peter et Harry son ex-pote devenant amnésique qui après lui avoir piqué sa copine retrouve la mémoire et les envies de vengeance. Le meutrier de l'oncle de Peter qui s'est ensablé et veut sauver sa petite fille malade. Et je vous passe tous les retournements de situation... C'est trop fouilli, dommage.

Bon ceci étant, c'est un bon film. Détail pratiquo-amusant : le générique. Alors que les cordes toutes danny-elfaniesques résonnent, Sam Raimi nous offre un résumé imagé des deux premiers épisodes. Cela ne permet pas de comprendre si on n'a pas vu ce qui précédait, mais c'est une élégante remise en mémoire.

Rendez-vous, le 23 mai pour partir à la recherche de Captain Jack.

Notes

[1] Trois lazzis, trois.

[2] Expression typiquement estampillée critique de cinéma, les effets spéciaux sont toujours à couper le souffle. Etrange.

[3] Mention spéciale à la scène où Spidey passe au ralenti devant le stars and stripes qui fait sourire le Français moyen et émeut outre Atlantique.

[4] Peter Parker révélé, c'est un peu Stanley Ipkiss dans The Mask.

[5] Tiens d'ailleurs, je n'avais pas remarqué que le bouffon vert, c'est une sorte de Batman : pas de pouvoirs mais des sous, une allégorie du producteur qui veut faire une suite...