Match-race : le portant
Par Bertrand Ytournel le mercredi, 25 avril 2007, 23:33 - match-race - Lien permanent
Jusqu'alors, mieux valait être devant que derrière. Bon, là encore me direz-vous. Certes, ne me faites pas lire ce que je n'ai pas écrit, mais maintenant, le rapport de force s'inverse un peu : le voilier qui est derrière peut masquer celui qui est devant.
Si l'on ajoute le fait que les écarts de vitesse sont souvent plus importants au portant qu'au près, que les manoeuvres y sont plus souvent ratées qu'ailleurs, et que les voiliers y vont plus vite, on comprend que le portant est tout aussi intense[1].
Notes
[1] Même si la diminution du vent vitesse donne une impression de calme relatif.
Stratégie
De même qu'au près, les côtés du plan d'eau ne sont pas équivalents.
A gauche du plan d'eau (vers la droite en descendant), le tribord peut forcer le babord à empanner et l'éloigner de la bouée.
La droite du plan d'eau (vers la gauche en descendant) ne présente que peu d'intérêt tactique : le bord risque de se limiter à un suivi du cadre, et les positions ne changeront pas.
L'approche de la bouée sous le vent est paradoxale : il vaut mieux aborder la bouée par la gauche du plan d'eau permet de prendre l'intérieur mais présente le risque d'arriver babord amure.
Dévent et écart
Si l'on est derrière, il vaut mieux être à l'intérieur du parcours en babord amure au début[1].
Si l'on est devant, dans cette situation, il faut empanner tôt, ou tenter un faux empannage ou abattre sous le meilleur cap.
Lors d'un duel d'empannage, il ne faut jamais croiser le dévent de l'adversaire et privilégier une relance en babord amure (pour revenir tribord).
Route normale
La route normale, c'est la route qui permet de rejoindre la proachiane marque le plus rapidement possible.
Et la règle 17.1 stipule qu'''un voilier en route libre derrière[2] qui devient engagé sous le vent et à moins de deux fois sa longueur de coque d'un voilier au vent ne doit pas naviguer au dessus[3] de sa route normale tant que les voiliers restent engagés et séparés .
En clair, si Rouge s'engage sous le vent d'un voilier Vert en le rattrapant, il ne peut pas lofer. Et une fois arrivé à la layline, Vert pourra le forcer à empanner[4].
En revanche, si Jaune s'engage en se rapprochant sous le vent latéralement, il obtient le droit de lof jusqu'à bout au vent[5].
De même, si Jaune empanne deux fois[6] en restant engagé sous le vent de Bleu, il gagne le droit de lof jusqu'à bout au vent.
Le droit de lof permet de créer des situations conflictuelles, c'est intéressant si l'on est devant avec une pénalité de retard.
Dégagement
Vert est au vent et Rouge a le droit de lof. Pour se sortir de ce mauvais pas, Vert doit lofer suffisamment pour dégager Rouge (c'est le cas en 3). A l'abattée, Rouge s'engagera par l'arrière, il n'aura donc plus le droit de lof.
A l'approche de la bouée sous le vent
Si Vert est engagé avec le droit de lof, il n'est pas soumis à la route normale et peut entraîner Rouge aussi loin de la bouée qu'il le veut[7].
Si Bleu est engagé sans le droit de lof, il est soumis à la route normale. A la layline Jaune lui demande d'empanner[8] et se retrouve à l'intérieur de la bouée...
Si Rouge est en route libre devant, Vert n'est pas sousmis à la route normale. Il peut donc entrainer Rouge aussi loin qu'il le veut. Pour se sortir de ce cas, il faut ralentir. Jaune engage Bleu et le soumet à la route normale.
La bouée sous le vent se profile, les équipiers préparent l'affalage, le tacticien réfléchit au bord de près à venir, mais il reste un nid à réclamations : la bouée sous le vent. Tataaaa !
Notes
[1] C'est l'explication de la trajectoire idéale d'enroulement de la bouée au vent. Si, si, relisez les notes précédentes.
[2] I.e. qui n'est pas engagé.
[3] I.e. plus lofé.
[4] Car la route normale est d'aller à la bouée.
[5] Penser alors à faire quelque chose du spi.
[6] C'est assez facile puisqu'il suffit de gonfler la grand voile sur l'autre amure. Si le vent n'est pas trop fort, on peut le faire sans changer de direction.
[7] Cela peut servir si l'on a une pénalité de retard.
[8] Ce qu'il doit faire sous peine de se faire pénaliser.
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