D'origine yougoslave, crâne rasé et avec un bouc. Plutôt baraqué d'après les photos -je n'ai pas eu la chance de le voir en concert-, on l'imaginerait déménageur. Bojan Z est pianiste de jazz. Il a commencé au côté d'Henri Texier avant de lancer -très vite- son propre quartet. On le retrouve souvent pas loin de Julien Loureau (The Rise, j'adore) mais également en solo (Solobsession) ou en trio (Transpacifik). Bojan est entré cette année dans le guide fnac de la discothèque jazz idéale, c'est un signe, non ?

Transpacifik est sorti en 2003 chez Label Bleu, je l'ai découvert complètement par hasard, en lisant une critique élogieuse dans Télérama[1]. Depuis l'année dernière, j'ai régulièrement des phases où j'écoute The Joker -le deuxième titre de l'album- en boucle : c'est un morceau idéal pour bien débuter une journée, c'est de la bonne humeur en ondes acoustiques.

Imaginez vous, un casque sur les oreilles. The Joker commence par un thème sombre, où les basses du piano sont oppressantes. La batterie prend peu à peu de l'importance et le jeu s'accélère. Le thème s'aére et il suffit d'un solo de contrebasse pour changer d'atmosphère : on passe de la gravité au débordement de joie... Le jeu s'élève encore et le thème du début revient, noyé dans la légèreté. La rythmique devient plus hachée et les échanges entre piano, batterie et contrebasse sont un vrai régal. Le délire s'amplifie et lorgne vers le free mais Bojan ne se contente pas d'un étalage technique : par de retours réguliers à sa mélodie, il transforme peu à peu son thème en une rythmique entêtante... Ce morceau est jouissif.

Et le reste de l'album est du même ordre. Conseil d'ami pour toute personne appréciant le jazz, le piano, ou tout simplement la musique : Transpacifik est un disque à écouter maintenant, demain et les jours suivants -d'autant qu'il s'accomode volontiers de l'air printanier. C'est un de ces disques qui demeurent longtemps dans les lecteurs de cd… sans jamais qu'on s'en lasse.

Notes

[1] J'aime bien flaner dans les rayons de la fnac et acheter des disques dont je ne sais presque rien. Mes critères de choix sont très divers : la gueule de la pochette (j'ai ainsi découvert radio caroline, un excellent mix électro), un espoir secret (electro-shock blues ser-t-il aussi bon que beautiful freak?), une collaboration (the water is wild de Charles Lloyd avec Brad Meldhau), un si vous avez aimé..., vous aimerez... (Unreasonable behaviour de Laurent Garnier), une critique de télérama (Josh Rouse, David Gray, Brendan Benson en pop ; Brad Meldhau, Chris Potter en jazz) ou même une erreur (j'ai acheté l'excellent Recycling the future d'Yvinec après avoir demandé au disquaire ce qu'on écoutait ; apparemment, j'avais mal compris). Ah si seulement j'avais plein de sous pour acheter plein de disques...